Comme ma collègue Monique de Marco l’a expliqué dans la discussion générale, ce projet de loi ne correspond pas à notre vision de la recherche, à nous membres du groupe écologiste.
Dans cet hémicycle, les uns et les autres nous ont expliqué l’urgence d’augmenter les ressources allouées à la recherche, en déplorant son sous-financement chronique depuis des années.
Seulement, ce sous-financement n’est pas le résultat d’une calamité naturelle : ce n’est pas le puceron vert qui a grignoté le budget de la recherche année après année ; c’est bien la logique d’austérité qui a conduit la recherche française dans une situation qui nous oblige aujourd’hui à rattraper les erreurs passées.
Nous voilà enfin devant une programmation pluriannuelle destinée à rattraper ces années de sous-financement volontaire. Malheureusement, ici encore, il est impossible pour ce gouvernement de sortir de son dogmatisme. Résultat : de belles ambitions et de belles paroles, mais les efforts budgétaires, vous les laissez à vos successeurs… Sur les budgets que vous aurez à défendre, madame la ministre, l’effort reste largement insuffisant.
Le courage du verbe, mais l’absence d’actes concrets : pour l’écologie comme pour le reste, c’est encore et toujours pareil !
En revanche, pour précariser ou affaiblir les statuts des chercheurs, on remarque une certaine gourmandise de votre part : vous n’alliez tout de même pas vous priver d’affaiblir une nouvelle fois le CDI ou les statuts de la fonction publique.
Une programmation budgétaire insuffisante, une précarisation des parcours professionnels, l’organisation de la compétition entre universités et des annonces antiécologistes : tous ces éléments sont constitutifs d’un texte au mieux inefficace, au pire dangereux pour le monde de la recherche – un texte qui ne mérite pas l’appellation de programmation.
Votre texte se fait contre la communauté universitaire : les réseaux d’enseignants-chercheurs, la société civile et les associations nous alertent depuis des semaines et ont été atterrés par certains de nos débats au Sénat.
En réduisant la programmation budgétaire de dix à sept ans, le Sénat avait pourtant remis un peu de cohérence entre les ambitions et la réalité. Mais les amendements votés ces derniers jours ont aussi conduit à des reculs supplémentaires qui suscitent de très vives inquiétudes, sur les libertés académiques comme sur le mode de recrutement du corps enseignant, dont le processus a été radicalement changé.
Nous voterons donc contre ce texte, qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu financier et qui prolonge une vision de l’université en compétition permanente, conduisant à son affaiblissement.