Intervention de Angèle Préville

Réunion du 27 octobre 2020 à 22h15
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Article 1er

Photo de Angèle PrévilleAngèle Préville :

Je souhaite revenir sur les raisons qui poussent l’ensemble des sénateurs Socialistes, Écologistes et Républicains à s’opposer à ce projet de loi.

L’Anses définit les néonicotinoïdes comme des substances insecticides dites « systémiques », utilisées en agriculture pour protéger les cultures de ravageurs, mais aussi en tant que biocides ou médicaments vétérinaires. Les néonicotinoïdes font partie des insecticides les plus utilisés en France et les plus vendus dans le monde : ils représenteraient 25 % du marché mondial selon le National Institute of Health. L’Anses évalue qu’ils constitueraient 34 % du volume total des insecticides utilisés en France en 2016 devant les organophosphorés et les pyréthrinoïdes de synthèse. En somme, il s’agit de produits extrêmement présents en France comme en Europe.

Dans le même temps, leur impact sur les insectes, particulièrement sur les pollinisateurs du fait de leurs effets neurotoxiques, n’est plus aujourd’hui à démontrer, tant la littérature scientifique est unanime à ce sujet. L’Union nationale de l’apiculture française, l’UNAF, estime ainsi que 300 000 ruches sont anéanties chaque année à cause des néonicotinoïdes. D’une manière générale, certaines études font une corrélation très claire entre leur autorisation et la disparition de 85 % des populations d’insectes et un tiers des oiseaux des champs en France depuis les années 1990.

Finalement, contrairement à ce que nous pouvons entendre parfois, leur dangerosité en enrobage est tout aussi établie que lors de leur pulvérisation au moment des floraisons. Mes chers collègues, faut-il rappeler les chiffres alarmants que nous donnait, encore l’année dernière, la plateforme des experts pour la biodiversité et les écosystèmes ? Un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui en voie d’extinction, et le rythme actuel de disparition des espèces est 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel d’extinction. En cause, l’agriculture intensive, l’urbanisation, la déforestation et le recours croissant à des produits chimiques qui polluent et annihilent toute forme de vie.

Nous ne pouvons plus nous cacher derrière notre petit doigt. Réautoriser les néonicotinoïdes aujourd’hui est une sorte de solution de facilité, comme je le disais précédemment, et non la solution de la durabilité.

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