Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, nous examinons ce matin les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur ». Leur examen intervient dans un contexte très particulier. D’une part, l’enseignement supérieur doit répondre à la crise existentielle des jeunes générations, qui se projettent dans un avenir assombri par le virus et ses conséquences. D’autre part, le projet de loi de programmation de la recherche vient de modifier les règles du jeu financier, qui régissent ce domaine si particulier de la recherche. Ces deux défis justifient à nos yeux la hausse importante des crédits alloués à cette mission.
Ainsi, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche bénéficiera de 357 millions d’euros de crédits supplémentaires, alors que la hausse totale des crédits se chiffre à près de 580 millions pour les deux programmes. De nombreux emplois seront créés. Cette hausse des crédits pour l’année 2021 est la bienvenue.
Concernant le programme relatif à l’enseignement supérieur, les budgets alloués aux universités doivent augmenter pour permettre aux établissements de faire face à une hausse très importante des nouvelles inscriptions. Cette vague d’inscriptions découle directement des résultats particulièrement élevés à l’examen du baccalauréat. Le cru 2020 s’avère ainsi abondant dans les universités, alors même que ces dernières doivent adapter leur fonctionnement aux nouvelles contraintes sanitaires.
Je salue la rénovation thermique de l’immobilier universitaire, très vétuste, pour près de 4 milliards d’euros dans le plan de relance, ainsi que les mesures sociales pour les étudiants.
Quelque 20 000 places supplémentaires ont été prévues dans le budget pour 2021. Ce chiffre se compose de 10 000 places dans le plan Étudiants et de 10 000 places dans le plan de relance.
Si ce premier volet se comprend aisément, avouons tout de même qu’il n’en va pas de même du second, les crédits du plan de relance devant, bien sûr, être complètement pérennisés.
Au-delà de ces remarques d’ordre comptable, cette hausse doit nous interroger sur la façon dont nous accueillons les étudiants. Comme l’a très bien expliqué le rapporteur spécial, Mme Vanina Paoli-Gagin, nous observons depuis de nombreuses années une baisse tendancielle de la dépense moyenne par étudiant accueilli dans l’enseignement public. Ainsi, en 2014, on dépensait 11 290 euros par étudiant, contre 10 110 euros en 2019. Sans parler de l’enseignement privé, qui va bénéficier de très peu d’augmentation par rapport aux effectifs accueillis.
Je rejoins l’analyse de Mme le rapporteur : alors que le nombre d’étudiants admis à l’université n’a cessé d’augmenter, nous constatons depuis plusieurs années un inquiétant effet de ciseau, entre les dépenses par élève qui baissent et le nombre des étudiants qui augmente fortement. À l’heure où nous avons à la fois besoin de former des talents très spécialisés et où nous cherchons à revaloriser les filières professionnelles, ce phénomène doit nous interpeller.
Pour ce qui concerne les crédits du programme relatif à la recherche, je me réjouis de la bonne articulation entre le texte de loi de programmation de la recherche et le projet de loi de finances pour 2021. La mission qui nous intéresse aujourd’hui va ainsi fournir une ossature budgétaire aux principales avancées de la LPR. Il s’agira de permettre à ce projet de loi de monter rapidement en charge et de livrer ses premiers effets, en insufflant une dynamique à la recherche qui s’articulera aussi avec d’autres dispositifs ne figurant pas dans cette mission budgétaire.
Ainsi, le quatrième programme d’investissements d’avenir apportera dès l’année prochaine plus de 1 milliard d’euros, de même que le plan de relance, qui injectera plus de 800 millions d’euros supplémentaires dans la recherche. Ces crédits extrabudgétaires contribueront utilement à soutenir la dynamique engagée par la LPR.
Le groupe Les Indépendants accueille favorablement les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur ». Il votera en faveur des amendements proposés par la commission des finances.