Intervention de Jean-Marc Boyer

Réunion du 12 janvier 2021 à 14h30
Montagne — Conclusion du débat

Photo de Jean-Marc BoyerJean-Marc Boyer :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, comme dit le proverbe, « un mot peut tomber une montagne ». Aujourd’hui, ce mot est celui de décret. Je veux bien évidemment parler des décrets édictés par le Gouvernement pour restreindre le tourisme en montagne.

Tout se passe face à une incompréhension globale des acteurs, qui font pourtant tout pour s’adapter aux conditions sanitaires imposées par le virus. Ils ont mis en place un protocole totalement abouti et validé par les services de l’État, afin que les remontées mécaniques puissent rouvrir avec une sécurité sanitaire maximale.

Jusqu’où tolérerons-nous et subirons-nous la dégradation de l’économie montagnarde dans le contexte de la covid ? Jusqu’où supporterons-nous l’incohérence et l’iniquité de mesures visant à laisser les stations fermées, alors que, simultanément, les transports urbains favorisent une promiscuité quotidienne, tout comme les longues files d’attente des grandes surfaces ?

Les chiffres du tourisme hivernal, qui ont été donnés par plusieurs de mes collègues, sont éloquents. Sans ouverture, ce ne sont pas uniquement les entreprises et les salariés qui en subiront les conséquences ; ce sont tous les habitants de nos territoires de montagne qui souffriront économiquement, socialement et moralement. Je pense en particulier aux travailleurs saisonniers, qui viendront grossir les rangs de ceux qui sont dans la précarité et la misère sociale.

Les conséquences d’une absence d’ouverture risquent d’être la destruction définitive et irréversible du modèle économique de la montagne. Nous risquons de le voir disparaître en l’espace d’un trimestre.

C’est cette réalité que traverse aujourd’hui la montagne. C’est cette réalité que doivent gérer au quotidien, sur tous les fronts, nos maires, pour que leur territoire ne prenne pas la mauvaise pente face à tant d’incertitudes. La réalité, ce sont aussi des centaines de millions d’euros de recettes en moins pour le budget de ces communes. La réalité, ce sont les choix cornéliens que devront faire nos élus pour gérer au mieux leurs services publics locaux et répondre à un intérêt général en souffrance.

Aussi, je souhaite redire toute la pertinence du dispositif présenté par ma collègue Sylviane Noël lors de la discussion du dernier projet de loi de finances. Il visait à réduire les inégalités entre l’urbain et le rural pour ce qui concerne le calcul de la DGF. Nos territoires de montagne, qui sont essentiellement ruraux, pourraient ainsi être mieux soutenus. Je sais, monsieur le secrétaire d’État, que vous êtes vigilant sur ce dossier.

Utiliser le vieux serpent de mer d’une réforme globale des finances pour rejeter cette évolution de justice montre à quel point les réalités rurales ne sont pas toujours écoutées.

Au-delà des spécificités rurales, les territoires montagnards, conformément à la loi Montagne II, ont leurs propres particularités, au premier rang desquelles figure l’enclavement.

Pour apporter des solutions à ce que l’on appelle un « handicap naturel », il convient d’améliorer les communications terrestres, aériennes et numériques.

Garder nos territoires accessibles et les laisser ouverts sur les autres est une condition essentielle de leur développement ou plutôt, à l’heure actuelle, de leur survie. Il est plus que jamais vital pour nos montagnes d’avoir une couverture numérique en très haut débit de qualité, fixe et mobile. Vous l’avez vous-même affirmé, monsieur le secrétaire d’État, « il faut accélérer l’extension de la couverture du réseau mobile et l’accès au très haut débit ».

Il est également primordial que la rénovation du réseau ferré devienne une réalité. Le Président de la République a lui-même affirmé qu’il fallait développer massivement le fret ferroviaire.

Monsieur le secrétaire d’État, nous attendons impatiemment la réalisation de vos souhaits, puisque vous avez affirmé que votre rôle était de vous assurer que « les crédits alloués, notamment à la rénovation énergétique, au réseau ferroviaire et à la transition agricole, arrivent bien en zone de montagne, comme ailleurs, voire plus qu’ailleurs ».

La montagne, c’est aussi un art de vivre. La crise sanitaire nous enseigne que les citadins aspirent à un retour à la nature, à l’espace et à la montagne. Nos montagnes ont en effet des particularités propres que sont le relief, l’altitude et la neige, qui sont des atouts à valoriser.

À cela s’ajoute une philosophie propre qui lie la quiétude et la solitude des grands espaces à des activités économiques vitales telles que l’agriculture et le tourisme.

Monsieur le secrétaire d’État, nous comptons sur vous pour valoriser ce patrimoine et soutenir toutes les activités montagnardes et leurs potentiels. Car, la montagne, « ça nous gagne ! »

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