Il s’agit d’obtenir une plus grande transparence s’agissant des recours, à nos yeux trop importants, aux partenariats public-privé (PPP).
Une enquête du Monde diplomatique de novembre dernier montrait comment la Banque africaine de développement encourageait à signer de plus en plus de PPP, dans l’espoir d’atteindre les ODD d’ici à 2030.
Depuis 2018, ce sont plus de 450 de ces contrats qui ont été signés, avec pour principales conséquences une augmentation de l’inégalité d’accès aux services publics, des scandales de surfacturation et, d’une manière générale, un gouffre financier pour les États. Ainsi, ce sont les secteurs stratégiques des infrastructures routières et de transport en général, des services énergétiques ou des services publics de première nécessité qui ont été investis par les grands groupes au travers de ces PPP, avec des concessions s’étalant sur plusieurs décennies.
Les résultats sont inquiétants. Le cofondateur du Forum anti-privatisation (APF), le socialiste sud-africain Trevor Ngwane, a résumé en quelques mots la situation : les PPP justifieront une nouvelle vague de privatisations. Une telle conclusion avait déjà été établie voilà douze ans par Philip Alston, l’ancien rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits humains de l’ONU.
Une telle situation coûte une fortune aux États. Ainsi, le Ghana a dû payer en 2019 plus de 250 millions de dollars pour du gaz inutilisé dans le cadre du projet gazier de Sankofa, l’entreprise concessionnaire n’ayant pas rempli sa part du marché en termes de délais et ayant surévalué les besoins en gaz.
Au Sénégal, c’est l’Autoroute de l’Avenir qui a conduit Dakar à contractualiser avec Eiffage. Au bout du compte, l’entreprise a investi 70 milliards de francs CFA, soit quatre fois moins que l’État. Toutefois, en termes de retombées, c’est exactement l’inverse, puisque l’État n’empochera que la TVA et devra en sus rembourser 200 milliards de francs CFA, autant de revenus qui ne seront pas reversés au nécessaire développement des services nationaux.
Pour toutes ces raisons, le recours problématique aux PPP nécessite, à notre avis, d’être mis en lumière. L’APD française ne doit pas s’engager dans le soutien à cette voie.