Intervention de Michelle Gréaume

Réunion du 11 mai 2021 à 21h30
Développement solidaire et lutte contre les inégalités mondiales — Rapport annexé

Photo de Michelle GréaumeMichelle Gréaume :

La politique de développement ne doit pas servir d’enrobage pour enjoliver des interventions militaires françaises en Afrique, qui sont au nombre de quarante-deux depuis le début des indépendances. Ces interventions militaires constituent, avec le franc CFA, la colonne vertébrale de la politique de puissance française sur ce continent.

Pourtant, n’est-ce pas cette vision qui prévaut lorsque Florence Parly, auditionnée au début de l’année 2019 par la commission des affaires étrangères du Sénat, affirme que « pour se prémunir autant que possible contre le risque de rejet de la présence militaire étrangère, il faut aussi mener des projets de développement » ?

Et Mme la ministre des armées d’ajouter : « À cet égard, nous souhaitons articuler de manière plus efficace l’action de Barkhane et les actions de l’Agence française de développement, pour que le rétablissement de la sécurité bénéficie directement aux populations. C’est ainsi que la présence militaire sera mieux tolérée… »

Ces propos accréditent, aux yeux d’un nombre croissant d’acteurs, que l’AFD est finalement utilisée comme un masque derrière lequel se cache l’armée française.

Le développement ne doit pas rester le troisième « D » enfermé dans la stratégie dite des 3D : défense, diplomatie, développement. Il ne peut pas être l’alibi d’une stratégie militaire et diplomatique dans l’impasse, il doit être l’ambition autour de laquelle tout doit s’organiser.

Permettez-moi également d’évoquer le fait que la France tient, de fait, le stylo en ce qui concerne les résolutions de l’ONU traitant des pays de son pré carré. Si, dans l’absolu, nous ne sommes pas hostiles aux appuis militaires dans le cadre des Nations unies, nous gardons à l’esprit cet état de fait, qui jette souvent un doute sur ceux-ci. A fortiori, nous ne pouvons considérer que la coopération militaire participe au champ de l’APD.

Pour mettre un terme à cette confusion, mes chers collègues, je vous invite à adopter cet amendement, qui vise à sortir la coopération militaire de la France du champ de l’APD.

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