Monsieur le ministre, nous partageons totalement l’idée que la sécurité et le développement sont liés.
La question qui est posée ici est de savoir si ce lien que vous reconnaissez régulièrement et que la commission soutient – je pense au continuum des 3D – est la bonne manière d’assurer la sécurité. Lors du débat sur l’opération Barkhane, nous avons appelé votre attention sur une note établie le 10 décembre dernier par le bureau du conseiller spécial pour l’Afrique de l’ONU, laquelle pose d’autres enjeux de sécurité dont nous ne nous occupons pas assez.
C’est le cas, par exemple, des flux financiers illégaux : 88 milliards de dollars fuient le continent. Or nous savons que ces flux financiers illégaux nourrissent des facteurs d’insécurité puissants en Afrique.
Parmi les recommandations de ce document, l’un des objectifs centraux, s’appuyant d’ailleurs sur la feuille de route de Lusaka de 2016, est la suppression des paradis fiscaux offshore qui sont utilisés par ceux qui acquièrent des richesses illégales. Cette note met également l’accent sur le renforcement des dispositifs de restriction de circulation des armes.
Certes, il existe un lien entre sécurité et développement, mais la question qui nous intéresse est tout autre : qu’entendons-nous par politique de sécurité en Afrique ?
Dois-je rappeler que nous négligeons de nombreuses recommandations émanant de l’Union africaine, des acteurs africains ou de l’ONU au profit de nos seules interventions militaires successives, dont les résultats, en termes de sécurité, sont – et c’est un euphémisme ! – pour le moins discutables ?