Cet amendement va dans le même sens que le précédent. Je voudrais illustrer mon propos par l’exemple de la lutte contre la faim. Nous devons prendre conscience que le rythme que nous sommes en train d’entériner pour ce qui concerne la France ne nous permettra absolument pas d’atteindre les objectifs fixés par l’ONU.
Il y a six ans, l’ONU adoptait l’objectif « Faim zéro » dans le cadre de l’Agenda 2030. L’objectif est de tendre à l’éradication de la sous-nutrition et de la malnutrition d’ici à 2030 en s’appuyant sur tous les leviers : lutte climatique pour enrayer le phénomène de stérilité des sols et l’impossibilité de faire pousser des productions, aide alimentaire, aide à la structuration des filières agricoles, mais aussi pacification du monde. Car, il faut le rappeler, les conflits sont directement responsables de plus de la moitié des crises alimentaires. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, au Yémen, près de 13, 5 millions de personnes, soit environ 45 % de la population, sont dans une situation de crise alimentaire aiguë.
Or, au tiers du parcours qui devrait permettre d’atteindre cet objectif de l’ONU, la situation est dramatique. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 690 millions de personnes ne mangent pas à leur faim chaque jour et, au vu des tendances de ces dernières années, 150 millions d’autres pourraient être concernées par la sous-nutrition d’ici à 2030.
En intégrant dans les calculs les phénomènes de malnutrition, la FAO estime que 2 milliards de personnes sont dans une situation de précarité alimentaire. Ce constat, dramatique humainement, est d’autant plus insupportable que la production mondiale de nourriture est amplement suffisante pour nourrir tout le monde, et convenablement. La crise sanitaire n’a fait qu’exacerber une problématique déjà très lourdement présente.
Le rapport d’Oxfam intitulé Le virus de la faim révèle que la famine a concerné 121 millions de personnes supplémentaires en 2020, à la suite notamment de la disparition de l’équivalent de 305 millions d’emplois à plein temps selon l’Organisation internationale du travail (OIT).
Il est donc certain que si nous maintenons notre rythme actuel et le rythme mondial d’augmentation de l’APD, nous ne serons pas au rendez-vous de la lutte contre la crise alimentaire, comme l’a pourtant préconisé l’ONU.