Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, sur ce texte, nous pourrions dire un tas de choses. Pour ma part, je ne reviendrai pas sur la problématique de l’évolution du climat ; je me focaliserai sur un élément, à savoir le renforcement de la résilience.
Je me suis amusé à regarder la véritable définition de ce mot. Originellement, la résilience désigne la résistance d’un matériau aux chocs ou, dit autrement, la capacité à surmonter les épreuves. À mon sens, ce projet de loi en donne une tout autre image : il culpabilise encore un peu plus avec arrogance, il punit encore un peu plus sans discernement, il interdit encore un peu plus sans limite et par la peur.
Dans mon métier, la résilience, je connais cela : c’est semer tous les ans sans être sûr de récolter, et pourtant toujours semer. Au lieu de punir et d’interdire, la résilience voudrait qu’on bâtisse et qu’on trouve des solutions. Je pense notamment à l’eau. Pendant des siècles, nos ancêtres ont cherché à la maîtriser, à la conserver et à la stocker. Les exemples sont légion dans l’ensemble de notre territoire : les étangs de la Dombes, les aqueducs romains ou encore le marais poitevin. Or, avec ce projet de loi, notre génération fait tout l’inverse : on détruit les ouvrages les plus vieux, les seuils qui ont fait notre force hydroélectrique. Par pur dogmatisme, on est contre, archicontre l’hydroélectricité ; on refuse de stocker l’eau pour l’irrigation ; on refuse même de l’utiliser, afin de mieux faire comprendre aux consommateurs et plus largement aux Français, s’ils ne l’avaient pas compris, qu’avec le réchauffement climatique ils seront sûrs d’une chose : c’est d’avoir soif !
Je ne comprends pas qu’on persiste dans cette politique d’interdits. En la matière, ce que nous visons sans cesse, comme si c’était une ligne directrice, c’est la destruction de notre économie. On y va par tous les moyens et tout y passe !
Tous les métiers sont dans le viseur. C’est le cas dans l’industrie. Il suffit de regarder l’évolution du prix du métal : puisqu’on n’en produit plus, on la prend directement dans la figure ; ce prix a été multiplié par deux en quinze jours ! Il en est de même dans l’agriculture : puisque nous produisons moins, nous importons ce que nous refusons de produire chez nous et, souvent, ce que nous refusons de faire chez nous.
Je suis élu d’un département où la plasturgie est un important secteur d’activité. Eh bien, on préfère importer de Chine des gobelets en carton et des couverts en bambou plutôt que de moderniser notre filière de la plasturgie ! Et tout cela pour quoi ? Pour réduire les émissions de CO2 de la France et de l’Europe, qui représentent respectivement 0, 9 % et 9 % de la production mondiale.
À ce titre, vous pouvez retenir la règle suivante : moins un pays émet de CO2, plus sa balance commerciale est déficitaire. J’ai là une foule d’exemples ! La France émet 0, 9 % du CO2 mondial : sa balance commerciale est en déficit de 84 milliards d’euros. L’Allemagne émet plus : elle a 200 milliards d’euros d’excédent. L’Italie émet plus : elle a 64 milliards d’euros d’excédent. Ce que je constate, ni plus ni moins, c’est que plus on punit, moins on produit.
En outre, ce sont toujours les mêmes qui trinquent : ceux qui travaillent. La suppression des lignes aériennes pour lesquelles il existe une liaison ferroviaire équivalente en moins de deux heures et demie en est l’exemple typique – vous vous en êtes même vantée, madame la ministre. Qui concerne-t-elle ? Uniquement ceux qui travaillent ! Ceux qui chercheront une correspondance pour les Caraïbes trouveront toujours un avion ! En revanche, ceux qui ont besoin d’un avion pour venir travailler à Paris seront punis : ils devront prendre le train.