Intervention de Thomas Dossus

Réunion du 15 janvier 2022 à 16h00
Gestion de la crise sanitaire — Adoption en nouvelle lecture d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Thomas DossusThomas Dossus :

La gestion de la pandémie ne devrait pas se résumer à une bataille puérile entre l’Assemblée nationale et le Sénat, ou entre La République En Marche et Les Républicains. Cet épisode peu glorieux a mis à nu l’objectif politicien qui sous-tend ce texte. Il ne fera qu’alimenter l’antiparlementarisme dans notre pays. C’est désolant ! La situation nécessite davantage de maîtrise de soi, de recul et de hauteur de vue, mais telle n’est décidément pas la tonalité politique du moment.

Nous appelons à l’humilité face à la difficulté de la tâche qui est la nôtre. Si nous avons contesté certains des choix opérés, nous avons toujours proposé d’autres voies pour faire face à la situation.

Oui, la vaccination massive de la population est indispensable. Saluons d’ailleurs l’adhésion d’une très grande majorité de Françaises et de Français au vaccin et aux rappels. Oui, la vaccination protège. Oui, il faut continuer de convaincre et d’aller vers les publics non vaccinés, y compris les plus réfractaires, pour les amener à se vacciner.

Non, nous n’y arriverons pas en les insultant ! Non, tous les non-vaccinés ne sont pas des militants antivax : 40 % d’entre eux sont dans cette situation du fait d’une difficulté d’accès au vaccin, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Oui, il existe toujours un public non vacciné, éloigné du soin en général, éloigné de la parole publique et que nos débats, surtout au vu des termes dans lesquels ils se tiennent, ne touchent pas. Le tout-numérique comme mode d’organisation, par exemple, remet en cause l’égalité de l’accès aux soins.

Un autre phénomène se maintient dans le temps : celui de la forte corrélation entre le niveau de pauvreté des habitants d’une commune et le taux de non-vaccination. De même, dans certains territoires, la carte de l’abstention recoupe celle de la non-vaccination. Tout cela devrait nous conduire à mener une politique de vaccination plus fine, plus à l’écoute et plus ciblée.

Il faut continuer de convaincre et de populariser la vaccination dans toute la société. Le passe vaccinal permettra-t-il d’y parvenir ? Nous ne le pensons pas. Instaurer le contrôle de tous par tous permettra-t-il de renforcer la confiance ? Nous n’y croyons pas davantage.

Pour lutter contre la propagation de l’épidémie, une politique de prévention sanitaire et de dialogue avec les élus locaux et la société civile est plus efficace que la multiplication de mesures globales coercitives. Aussi, notre groupe propose que l’État assume son rôle et contribue sincèrement à la protection des personnes, en mettant à disposition des publics exposés des masques FFP2, plus protecteurs contre la propagation du covid, et en fixant leur prix par décret.

J’ajouterai un dernier mot sur le variant omicron. Celui-ci ne sort pas de nulle part. Il n’est pas une catastrophe naturelle ! Il est la conséquence d’une circulation accrue du virus dans des parties du monde où la vaccination n’atteint pas les taux que nous connaissons dans notre pays.

Tant que nous ne ferons pas des vaccins un bien public mondial qui puisse être produit massivement à moindre coût sur tous les continents, nous serons susceptibles de connaître des vagues futures de contaminations et d’autres d’échappements immunitaires. La France doit être au rendez-vous et appuyer toutes les démarches qui vont dans le sens d’une levée des brevets.

Vous l’aurez compris, mes chers collègues, nous nous opposons à la philosophie générale de ce texte, à l’instauration d’une société de contrôle, punitive et infantilisante, à l’instrumentalisation politique de cette crise par le pouvoir exécutif et aux restrictions de nos libertés qui n’ont que peu d’effets sur la propagation de l’épidémie.

Notre groupe demande une autre politique de gestion sanitaire pour endiguer l’épidémie : une vaccination qui n’oublie personne, un moratoire sur les fermetures de lits dans les hôpitaux, la généralisation des capteurs d’air, la gratuité des tests et des masques les plus protecteurs, enfin, le combat pour la vaccination mondiale.

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