président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale. – Monsieur le préfet, le président Lafon et moi-même avons souhaité vous entendre sur les événements qui ont eu lieu, il y a quelques jours, au Stade de France, à l’occasion de la finale de la Ligue des champions. Cette audition est retransmise en direct par la chaîne Public Sénat et sur le site internet du Sénat.
Nous avons entendu, la semaine dernière, le ministre de l’intérieur ainsi que la ministre des sports au sujet de ces mêmes événements. Vous étiez, ès qualités de préfet de police, en charge de la surveillance et de l’organisation de cet événement. Je tiens à vous dire, de la manière la plus directe possible, que l’objectif de nos deux commissions est de comprendre ce qui s’est réellement passé afin de pouvoir ensuite apporter les réponses qui conviennent. Ceux qui sont présents dans cette salle ne sont en quête de rien d’autre que de la vérité.
En ce qui concerne, tout d’abord, les conditions d’accès au stade et les raisons qui ont conduit au blocage et à la dispersion de la foule par l’usage des gaz lacrymogènes, le ministre a insisté, la semaine dernière, sur l’ampleur d’une fraude aux billets, qui selon lui n’était pas prévisible, et sur le nombre inattendu, semble-t-il, de supporters de l’équipe de Liverpool présents. Plusieurs questions demeurent quant à cette imprévisibilité alléguée et aux chiffres, qui devront incontestablement être mieux établis.
À cet égard, les remontées d’informations dont vous disposiez, non seulement sur la grève des transports, mais aussi grâce à la note des services de renseignement du 25 mai dernier sur la présence de supporters ainsi que sur les billets d’accès sous forme papier vous ont conduit, légitimement, à mobiliser des forces de police en quantité importante pour organiser cet événement. Il reste à savoir quelle doctrine d’emploi et quelle organisation avaient été définies pour que ces forces de police puissent répondre à la situation telle qu’on pouvait probablement, en partie, la prévoir.
Une autre question porte sur la situation quelque peu surprenante dans laquelle s’est retrouvé un public somme toute passif, ou du moins calme et plutôt familial, contre lequel on a fait usage de bombes lacrymogènes, comme l’ont montré des images qui ont circulé à la télévision. Comment comprendre, en effet, que des gens qui attendaient patiemment aient pu recevoir un jet de gaz lacrymogène ? Il faut nous expliquer ce qui s’est vraiment passé.
Ensuite, nous souhaitons revenir sur la séquence qui relève non pas du maintien de l’ordre mais de la sécurité publique. De nombreuses agressions ont eu lieu autour du stade : on entend dire que 400 ou 500 personnes auraient agressé des supporters ou, du moins, des gens qui se rendaient au stade, en leur faisant les poches ou en les attaquant physiquement, comportements qui relèvent de la délinquance pour nommer les choses par leur nom.
Or nous n’avons que peu d’éléments sur la gestion de ces incidents, sur les suites qui leur ont été données, voire sur les possibilités de leur anticipation. Nous ne comprenons donc pas bien ce qui s’est passé. On ne peut réduire la situation, nous semble-t-il, aux difficultés que des supporters auraient rencontrées pour accéder au stade ; nous devons la clarifier parfaitement en établissant les faits d’agression commis par des délinquants contre les supporters.
La dernière question qui en découle porte sur la nature du dispositif de sécurité publique prévu à l’issue du match. Estimez-vous que ce dispositif a fonctionné ? Quelles améliorations possibles avez-vous envisagées pour d’autres événements de cette ampleur, comme la Coupe du monde de rugby qui doit avoir lieu l’année prochaine, les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et d’autres manifestations qui pourront se tenir au Stade de France ?
Monsieur le préfet, nous ne sommes pas contre la police, loin de là. Nous comprenons ses difficultés et nous la soutenons. Cependant, au sujet de ces événements, nous cherchons à savoir pourquoi 400 millions de téléspectateurs ont vu, ce soir-là, une telle situation au Stade de France, à l’occasion d’un événement sportif majeur. Cela relève pour nous de l’incompréhensible et c’est la raison pour laquelle nous voulons que vous nous éclairiez.