J’ai interrogé le maire de ma commune de 64 000 habitants : le coût de l’énergie est passé de 3, 4 millions à 7 millions d’euros entre 2022 et 2023. Dans le même temps, le conseil municipal a estimé le coût de la hausse du point d’indice, autre nouvelle dépense, à 2, 5 millions d’euros.
Il n’y a pas là matière à débats, puisqu’il ne s’agit pas de dépenses contestables ; le budget de ma commune pour 2023 commence avec un surcoût incompressible de 6 millions d’euros. Élus de l’opposition et de la majorité songent même à adopter une position commune, de peur de ne pouvoir boucler le budget. Le conseil municipal n’aura aucune marge de manœuvre.
La trajectoire prévue asphyxie la capacité d’initiative des collectivités territoriales. Céline Brulin a tout à fait raison : l’objectif de baisse des dépenses de fonctionnement des collectivités locales de 0, 5 % par an revient à les placer sous tutelle, au détriment des services publics locaux et des services rendus à la population.
Plus largement, cette situation risque de poser un grave problème démocratique et social, un problème de cohésion et d’unité du pays. Si trop de collectivités territoriales, particulièrement les communes, se retrouvent dans l’incapacité de se projeter dans les années à venir, et ce dès le prochain exercice, ce sont l’instabilité et le désordre qui s’annoncent.