Intervention de Raymonde Poncet Monge

Réunion du 14 février 2023 à 21h30
Amélioration de l'accès aux soins — Article 3 bis

Photo de Raymonde Poncet MongeRaymonde Poncet Monge :

Les dispositions de cet amendement de suppression de l’article 3 bis nous invitent à penser la problématique des rendez-vous médicaux non honorés de manière plus globale.

Ce phénomène est en effet accentué par la substitution d’un outil numérique à un contact humain, qui empêche toute régulation relationnelle. Il peut également être appréhendé sous l’angle des inégalités sociales de santé.

Il est dommage que cette proposition ne tienne pas compte des effets du remplacement d’une secrétaire par des plateformes numériques telles que Doctolib pour prendre les rendez-vous.

Cette numérisation de la prise de rendez-vous implique une déshumanisation qui, si elle peut dans certains cas déresponsabiliser le patient, rend aussi l’annulation du rendez-vous difficile pour les milliers de personnes qui sont moins à l’aise avec les outils numériques et qui le feraient plus facilement par un simple appel téléphonique.

Pénaliser, pour autant que cela soit possible, sans analyser le problème risque de se révéler une solution de faible efficacité. En revanche, cette mesure va précariser des patients qui sont déjà socialement vulnérables.

En effet, les études indiquent que les patients en tiers payant social manquent plus fréquemment leurs rendez-vous. Dans sa thèse, le docteur Francis Gatier démontre que « les absences aux rendez-vous des patients précaires surviennent dans le contexte d’un quotidien difficile où la santé n’est pas forcément une priorité ». Parmi les raisons qu’il a mises au jour, il cite la précarité au travail, les contraintes de temps, les rendez-vous multiples, les troubles psychiatriques, les difficultés de gestion ou encore les violences familiales. Ce médecin nous invite donc à considérer les absences liées à la précarité sociale comme des signaux d’alerte.

La mesure dont nous discutons me semble ainsi inapplicable : imagine-t-on vraiment répercuter le coût d’une consultation non honorée sur le remboursement des soins d’une telle population ?

Ainsi, cette proposition ne nous semble en rien résoudre ce problème, qu’il nous faut par ailleurs effectivement traiter.

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