Mes chers collègues, reconnaissons que cet article n’est pas le cœur de la réforme. Néanmoins, il renvoie à ce qui est essentiel : le travail des seniors.
En effet, le vrai problème que nous avons en France, par rapport aux autres pays, est le taux d’activité des seniors, tout comme celui des jeunes. L’enjeu est de trouver comment augmenter ce taux d’activité.
En effet, si les seniors sont plus touchés par le chômage que d’autres catégories, c’est parce qu’ils souffrent d’une attitude bien française, qu’il faudra changer de manière durable : ils sont ceux qui sont le plus souvent mis à la porte, notamment des grandes entreprises, lors des plans sociaux. Cette réalité renvoie aux usages et coutumes. L’État, au travers des entreprises au capital desquelles il participe encore, est loin de montrer l’exemple.
J’aurais presque pu reprendre, mot pour mot, les propos de M. Raynal sur son amendement de suppression : le problème est d’avoir fait, encore une fois, les choses à l’envers. M. Dussopt nous indique qu’un projet de loi serait présenté sur le travail, l’insertion et la formation, mais pourquoi n’avons-nous pas commencé par cela ? Pour ma part, je regrette fortement que cette partie-ci de l’hémicycle n’ait pas suffisamment fait pression sur le Gouvernement pour que nous commencions par examiner un texte sur le travail avant de nous pencher tranquillement, sereinement, sur les retraites.
Mettez-vous à la place des nombreuses personnes qui travaillent en entreprise et surtout dans nos PME, notamment industrielles. Vous avez tous remarqué, j’imagine, l’augmentation du nombre de dossiers arrivant dans les tribunaux de commerce de nos territoires. Il ne vous a pas échappé que nous vivons, partout, une période d’inflation, de pénurie, d’augmentation des prix de l’énergie : des entreprises vont faire faillite. Mettez-vous, comme je le disais, à la place des « travailleurs et travailleuses », comme on dit, un peu plus âgés que la moyenne, au-delà de 55 ans : ils peuvent légitimement être inquiets face à cette réforme.
Il ne faudra donc pas s’étonner s’il y a beaucoup de monde dans la rue la semaine prochaine. Si les étages de la fusée de cette réforme sont mis à l’envers, elle n’est pas près de décoller ! Je voterai en faveur de l’article 2 ; quant à la réforme, on verra…