Marie-Claude se lève tous les jours à quatre heures, et je ne suis pas certain qu’elle ait lu Le Droit à la paresse. Elle rentre chez elle à dix-neuf heures depuis l’âge de 24 ans. Elle travaille à la Société Générale, où elle en a encore pour au moins dix ans. Elle en a marre – ce sont ses mots – de voir que certains s’enrichissent pendant que d’autres se serrent la ceinture à la fin du mois.
Marie-Claude écrit cette lettre sans avoir l’espoir d’être entendue, ni même lue. Marie-Claude est fatiguée, épuisée. Son corps ne tient plus et elle espère quitter son travail plus tôt et avoir une retraite et une fin de vie décentes. Marie-Claude m’a demandé de me battre contre ce projet de loi.
J’ai aussi reçu une lettre d’Isabelle qui habite à Laizé. Elle me demande, elle aussi, de bien vouloir m’opposer à un texte de loi visant à reporter l’âge de la retraite pour les générations de femmes comme la sienne qui ont commencé à travailler tôt et qui ont eu des enfants travaillant et cotisant aujourd’hui, permettant ainsi que nos retraites par répartition se pérennisent.
Aussi, je ne sais pas si Marie-Claude et Isabelle votent à gauche ou à droite ; je ne sais même pas si elles votent. En tout cas, c’est pour elles que je vous demande de supprimer cet article.