… nous avait prévenus : « Après moi, il n’y aura que des comptables. »
Monsieur le ministre, à la lecture de l’article 7, comment lui donner tort ?
Au cœur de votre projet, cet article ne trahit que trop bien l’idéologie qui vous anime en la matière.
Tout d’abord – permettez-moi de vous le dire –, il paraît presque anachronique, tant il fait fi des bouleversements qui traversent notre société depuis déjà quelques années. À l’évidence, le Gouvernement y reste insensible, alors même que la forte mobilisation d’aujourd’hui en témoigne.
Nous vivons une période marquée par de gigantesques changements sociétaux. Le rapport au travail est en mutation. Les déstabilisations provoquées par la crise sanitaire laissent encore des traces aujourd’hui. L’ignorer, c’est aller dans le mur.
Schématiquement, on peut jouer sur trois grands paramètres pour réformer notre système de retraite : l’âge de départ, la durée de cotisation et le niveau de cotisation. Des trois, un seul touche les salariés de manière inégale : c’est la mesure d’âge, car – vous le savez – elle ne prend pas en considération la date d’entrée sur le marché du travail.
En reportant comme vous le faites l’âge légal, vous envoyez, de fait, des factures différentes à nos concitoyens selon le moment auquel ils auront commencé à travailler. Une fois n’est pas coutume, le montant le plus élevé est pour ceux que l’on a appelés, pendant la pandémie, les travailleurs de la deuxième ligne : les hôtes et hôtesses de caisse ; les éboueurs, les agents d’entretien, ou encore les aides à domicile ; ces travailleurs qui sont aussi les grands perdants de la mondialisation et de la numérisation de l’économie.
Voilà comment vous remerciez toute cette frange de salariés dont on a mesuré l’importance pendant la crise sanitaire, qui a commencé à travailler jeune et qui exerce les métiers les plus pénibles !