Intervention de Frédérique Espagnac

Réunion du 7 mars 2023 à 21h30
Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 — Article 7

Photo de Frédérique EspagnacFrédérique Espagnac :

Malgré l’opposition de l’ensemble des organisations syndicales, malgré celle de plus de huit Français sur dix, malgré les millions de grévistes qui ont marché dans tout le pays, vous vous obstinez à mener cette réforme injuste et à vouloir décaler à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite.

Pourtant, une autre réforme était possible. Lorsque nous avons voté la loi Touraine en 2014, nous avons étalé dans le temps sur vingt ans, jusqu’en 2035, l’effort demandé et, surtout, nous l’avons réparti entre les retraités, les employeurs et les salariés. L’urgence est maintenant d’introduire plus de justice dans notre système de retraite.

Le décalage à 64 ans va toucher ceux qui ont commencé à travailler le plus tôt et ceux qui sont les plus précaires. Il va augmenter le nombre de personnes ne se trouvant ni en emploi ni à la retraite, qui atteint déjà 1, 5 million.

La Drees a chiffré à près de 4 milliards d’euros l’impact des réformes sur les prestations annexes. Invalidité, minima sociaux, vous vous livrez à un véritable jeu de bonneteau, alors que certaines personnes devront encore travailler 44 ans, soit un an de plus que les 43 annuités requises. C’est la double peine.

La véritable nécessité est de résoudre les inégalités face à l’espérance de vie. Il subsiste aujourd’hui treize ans d’écart entre l’espérance de vie des 5 % de Français les plus riches et celle des 5 % les plus pauvres. Il est également impératif de résoudre les inégalités de pension entre les femmes et les hommes.

Il aurait fallu augmenter le taux d’emploi des plus de 55 ans grâce à la formation continue, à un dispositif spécialisé dans l’accompagnement au retour à l’emploi et à la retraite progressive. Ainsi, le régime aurait été équilibré à l’horizon 2032.

Il aurait fallu revenir sur les exonérations de cotisations pour les salariés qui perçoivent plus de 2, 5 Smic, afin de dégager 2 milliards d’euros par an. Le COR, dans son scénario le plus pessimiste, indique qu’il aurait suffi d’augmenter en 2028 les cotisations de 14 euros au niveau du Smic et de 28 euros au niveau des salaires médians pour assurer l’équilibre du système de retraite.

Enfin, il aurait fallu récupérer tout ou partie de la CSG affectée à la Cades, en allongeant le rythme de remboursement au-delà de 2033 ou en en sortant la dette due au covid-19, afin de récupérer 9 milliards d’euros par an.

Choisissez donc la voie du progrès social et non la régression.

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