Intervention de Jérôme Durain

Réunion du 12 avril 2023 à 15h00
Gratitude et reconnaissance du sénat aux membres des forces de l'ordre — Adoption d'une proposition de résolution

Photo de Jérôme DurainJérôme Durain :

Ils ne m'ont pas non plus demandé si je dénonçais les casseurs et, à aucun moment, je n'ai été accusé de terrorisme intellectuel.

Notre assemblée a su montrer qu'elle savait voter des initiatives pour le bien commun, mais cette proposition de résolution n'apporte rien au débat.

Oui, la majorité des policiers et des gendarmes est exemplaire. Oui, le maintien de l'ordre est une matière difficile. Mais non, votre proposition de résolution ne prend pas en compte la réalité complexe des dernières semaines.

Vous tentez de réduire la situation à un état de guerre de tous contre tous, bien manichéen.

Le Gouvernement doit bien sûr maintenir l'ordre. Là où nous percevons avant tout une immense colère sociale et une profonde inquiétude écologique relayées, pour l'essentiel, par des millions de manifestants pacifistes, vous ne retenez que les débordements, que nous condamnons également, de quelques dizaines d'abrutis dangereux armés de mauvaises intentions.

En réalité, ce n'est pas la faute des manifestants si la pression ne redescend pas. Ce n'est pas la faute des manifestants si des journalistes se font parfois agresser par les forces de l'ordre. Ce n'est pas la faute des manifestants si l'on n'ose plus manifester en famille.

Les responsabilités sont d'abord à chercher du côté du Gouvernement. À force de mépriser les corps intermédiaires, de nier l'utilité des syndicats ou de vouloir caricaturer les oppositions, l'exécutif a participé à la montée de la température sociale.

Ce réchauffement politique, comme le réchauffement climatique, n'est pas inéluctable. Pour calmer les esprits, il faut entendre les avis contraires, prendre en considération les manifestants quand ils sont nombreux, éviter d'accroître la colère lors de passages au journal télévisé.

Crier que tout le monde adore la police pendant cette période est aussi stupide que de déclarer que la police tue. La majorité de nos concitoyennes et nos concitoyens soutiennent les forces de l'ordre.

Toutefois, vous avez oublié le contexte. Si cette proposition de résolution politique avait été soumise à nos suffrages après Magnanville ou l'attentat de Charlie Hebdo, celle-ci n'aurait pas eu la même portée. Déposer ce texte alors que le travail des forces de l'ordre est questionné revient à déclarer à ceux qui le critiquent : « Circulez, il n'y a rien à voir ».

Or la critique de la police est légitime et souhaitable. C'est même l'honneur d'une démocratie que d'interroger l'ensemble de ses institutions. On peut évidemment dénoncer les affirmations de ceux pour qui le maintien de l'ordre en France évoque celui qui a cours au Venezuela, où une vague de manifestations a causé 115 morts, mais il est impossible de balayer les interrogations de nos voisins européens sur notre police, autrefois un modèle et qui devient actuellement un objet de polémiques §venant de toutes parts.

Je ne suis cependant en rien opposé à la tenue de ce débat, que je ne crains aucunement.

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