Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, jusqu’à la mi-mars, à l’appel de l’intersyndicale, les manifestations contre la réforme des retraites se déroulaient un peu partout sur le territoire de manière organisée et pacifique. Manifestants, Gouvernement ou médias se félicitaient du bon déroulement de cet exercice d’un droit démocratique.
Pourtant, le 16 mars dernier, la décision de la Première ministre de recourir au 49.3 a été le point de départ de violences urbaines, qui ont ensuite émaillé toutes les manifestations, notamment celle du 23 mars ou encore celle du 5 avril dernier.
Nous avons assisté, le 25 mars dernier, dans un autre contexte, à un déchaînement de violence à Sainte-Soline, alors même que la manifestation était interdite sur le site des retenues d’eau.
Le bilan de ces mois d’affrontements est lourd : près de 2 000 interpellations, plusieurs centaines d’atteinte à des institutions de la République, plus de 1 300 policiers, gendarmes ou pompiers blessés, 2 500 incendies sur la voie publique, dont certains menaçant certains immeubles et leurs habitants. Ainsi, un drame a été évité de peu à Paris, où des personnes, notamment des enfants, ont dû être évacuées par nos forces de sécurité.
Face à ce chaos, elles ont fait preuve d’un grand sang-froid pour assurer malgré tout leur mission de protection des biens et des personnes. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons leur rendre hommage et leur apporter tout notre soutien aujourd’hui.
Il s’est pourtant trouvé plusieurs élus, membres de diverses associations prétendument humanitaires, pour se livrer à une mise en cause indécente des policiers et des gendarmes, les accusant de brutalité et de violence à l’égard des manifestants. Nous avons assisté ici même à un renversement des valeurs, les agresseurs devenant les agressés.
Nos forces de l’ordre ont dû contenir les assauts répétés de certains indignés professionnels, qui ont été qualifiés de « simples promeneurs ». Depuis quand les personnes qui souhaitent manifester ou protester doivent-elles s’équiper de cocktails Molotov, de boules de pétanque, de marteaux, de battes de base-ball, de manches de pioche ou de pavés ?
À Sainte-Soline, cet arsenal qualifié de « festif » était complété par des bombonnes de gaz, des aérosols, des bidons d’essence ou encore des mortiers d’artifices. Certains étaient manifestement venus dans l’intention de « taper du flic », encouragés par des slogans stupides comme « la police tue ». Les fourgons en feu de la gendarmerie ne laissaient pas de place au doute quant à leur détermination à en découdre.
Mes chers collègues, il y a là une complaisance et même une fascination pour la violence que je ne m’explique pas. Elle vient en particulier de certains mouvements d’extrême gauche, comme les Black Blocks, qui rêvent d’insurrection et de grand soir. Leur objectif : attaquer et détruire la société capitaliste et ses institutions républicaines, jugées intrinsèquement bourgeoises.
Nos services de renseignement ont confirmé une stratégie d’infiltration des mouvements sociaux, mise en œuvre par l’ultragauche dès la mi-mars, afin de faire basculer des manifestations pacifiques en soirées d’émeute contre tout symbole de l’État et, en premier lieu, contre ces représentants de l’ordre républicain que sont les policiers et les gendarmes.
Cette violence n’a rien de symbolique. Les vitrines des banques, des assurances, des MacDo ou encore des grandes enseignes de commerce en ont elles aussi fait les frais. Pour cette mouvance, le recours à la violence doit susciter un processus dit insurrectionnel, prélude indispensable à la révolution. À défaut, c’est un moyen d’abattre nos institutions actuelles au profit d’une vaporeuse VIe République.
Nous avons constaté l’impossibilité pour cette mouvance, qui se dit pourtant démocrate, de condamner clairement les violences exercées contre nos forces de l’ordre. Nous l’avons vu à Sainte-Soline : elle invoque le droit de manifester, mais, pour elle, la propriété, que l’article II de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 cite parmi les « droits naturels et imprescriptibles », n’existe tout simplement pas.
Si les forces de police ont dû être mobilisées, c’est aussi pour protéger l’outil de production de nos agriculteurs. Nous devons l’avoir à l’esprit pour remettre les choses à l’endroit, au nom des valeurs qui doivent nous réunir.
Dans ce contexte de violence contre nos institutions, que peuvent faire les parlementaires pour soutenir nos forces de l’ordre ? Récemment, le secrétaire général du syndicat Alliance a demandé une nouvelle loi anti-casseurs, …