Monsieur le sénateur, puisque vous avez vous-même expliqué que l’on pouvait être écologiste et en faveur de la réindustrialisation, je vous prends au mot et je vous réponds.
Pendant trop d’années – et ce n’est pas une critique à l’encontre de qui que ce soit, parce qu’elle pourrait malheureusement concerner beaucoup au cours de ces dernières décennies –, on a fait de l’écologie grâce à la désindustrialisation. En d’autres termes, on a baissé nos émissions puisqu’on a fermé des usines. Dans le même temps, pourtant, au moment où l’on diminuait nos émissions nationales, on augmentait notre empreinte, puisque l’on devait importer des produits venant de l’extérieur.
Par conséquent, considérer que la réindustrialisation permet de retrouver des circuits courts et s’inscrire dans cette logique est non seulement souhaitable, mais c’est exactement le chemin que nous devons suivre. Ce sera d’ailleurs au cœur du projet de loi Industrie verte qui sera présenté par Bruno Le Maire, en lien avec le ministère de la transition écologique.
Cette réindustrialisation appelle des défis au rang desquels se trouvent la gestion des ressources naturelles, le foncier disponible, la formation – pour orienter les hommes et les femmes dans ce secteur – et, bien entendu, la question de l’eau.
Pour l’eau, la trajectoire globale est simple : c’est celle de la sobriété. Quels que soient les usages, ce que disent les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), c’est que l’eau dont nous disposons sera moins importante, puisque l’augmentation des températures augmentera l’évapotranspiration, et que, parallèlement, la végétation en absorbera une part plus élevée. C’est exactement ce qui explique que, au-delà de cette trajectoire de sobriété, nous devons optimiser les usages.
Dans ce cadre d’optimisation des usages, vous citez Grigny et l’usine Coca-Cola, laquelle pompe dans la nappe phréatique. Aujourd’hui, il existe des alternatives technologiques permettant, avec des procédés de réutilisation ou avec des dispositifs présents sur place, d’éviter de telles pratiques.
Monsieur le sénateur, je ne peux pas croire que vous ayez terminé votre intervention en disant que vous étiez favorable à la réindustrialisation et que, dans le même temps, confronté à la réalité de certains projets permettant de créer des emplois de proximité et d’éviter une empreinte carbone désastreuse, vous vous abritiez derrière les difficultés, alors que des chemins sont à créer pour rendre possible la réindustrialisation verte de notre pays.