Intervention de Alain Fouché

Réunion du 21 juillet 2009 à 15h00
Repos dominical — Discussion générale suite

Photo de Alain FouchéAlain Fouché :

Aujourd’hui, 85 millions de touristes étrangers séjournent en France ou la traversent. On estime à 70 millions le nombre de visiteurs qui fréquentent les parcs - parcs de loisirs, animaliers, technologiques, aquatiques, parcs à thème – et 80 % de ces parcs sont situés en province. Ce sont des chiffres qu’il faut retenir.

Le dimanche est considéré par les Français comme la journée du repos et des loisirs. C’est le jour où l’on se retrouve entre amis et en famille pour se divertir, se promener, visiter le patrimoine, les musées, bref, se balader et en profiter pour se livrer à un certain nombre d’activités.

Selon l’INSEE, l’industrie du tourisme représentait 7, 5 % du PNB en 1995 contre seulement 6, 3 % aujourd’hui. Il s’agit par conséquent d’une industrie qui se fragilise et sur laquelle nous perdons des parts de marché.

Ce secteur économique a permis, et permet encore, grâce à l’action de nombreux intervenants, les collectivités locales en particulier, de réaliser un aménagement et un rééquilibrage des territoires, chers à notre assemblée.

Avec l’avènement d’internet, le mode de consommation touristique est en profonde mutation. Les gens ne partent plus en masse durant les mois de juillet et d’août. Ils choisissent des courts séjours répartis sur l’ensemble de l’année, notamment en fin de semaine.

Cette proposition de loi, et cela m’inquiète, permettra à des grandes surfaces et à des commerces d’ouvrir le dimanche dans les principales métropoles, mais aussi dans d’autres communes.

En cet instant, plusieurs interrogations subsistent : combien de communes seront concernées ? Certains parlent de 600, d’autres de 6 000 ! Combien de salariés et de professions indépendantes seront touchés par ces mesures ?

Quelles peuvent être les conséquences et les risques de l’ouverture des grandes surfaces le dimanche ?

J’ai évoqué ce texte avec de nombreux acteurs du tourisme, à l’échelon tant national que local. Beaucoup m’ont fait part de leur profonde inquiétude.

Il est évident que les grandes chaînes mettront en place des politiques commerciales financièrement très fortes et agressives sur le plan de la communication. Elles offriront des spectacles et des animations gratuites, à l’instar de ce qui se fait aux États-Unis, et n’auront qu’un seul souci : happer les populations des territoires voisins vers les métropoles et leurs hypermarchés. C’est la crainte de nombreux responsables de sites touristiques mais aussi de parcs de loisirs, animaliers et à thème. L’Association française des parcs zoologiques, lesquels accueillent 25 millions de visiteurs par an, est très opposée à ce texte.

Dans la Vienne, département touristique dont je suis l’élu, la fréquentation touristique des sites le dimanche représente 25% à 30 % de la fréquentation hebdomadaire. Ne risquons-nous pas de revenir vingt-cinq ans en arrière, n’allons-nous pas assister à une recentralisation commerciale ?

Par ailleurs, ce texte présente des risques pour les petits commerces qui n’auront pas les moyens financiers et humains d’ouvrir le dimanche. Ils ne peuvent en effet pas supporter des charges salariales supplémentaires. L’ouverture des grandes surfaces dans les métropoles importantes entraînera donc sans doute une distorsion de la concurrence.

Monsieur le ministre, vous avez indiqué que Paris, Marseille et Lille seraient concernées. À Lille, les grandes surfaces devraient ouvrir pour faire face aux propositions commerciales de la Belgique. Dont acte ! Mais lorsque les grandes surfaces de Lille ouvriront le dimanche, elles attireront une clientèle située plus au sud.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion