Cet article a une vocation très large, comme M. le ministre vient de le dire.
Nous souhaitons d'abord recomposer le lien que l'on n'aurait jamais dû perdre entre les Français et leur agriculture. Cette distanciation ne vaut pas partout. Nous sommes allés en Italie et nous avons vu la différence : aujourd'hui, les Italiens sont 57 millions d'ambassadeurs des produits italiens ; en France, il y a 30 millions de procureurs de l'agriculture française !
Les messages qui viennent de certaines travées, notamment de celles du groupe communiste, sont d'arrière-garde. Aujourd'hui, il n'y a plus d'agriculteurs qui investissent pour le plaisir d'investir ! Le suramortissement constitue certes une incitation fiscale, mais, dans les faits, il n'y a plus une exploitation qui n'achète pas dans le cadre d'une coopérative d'utilisation de matériel agricole (Cuma). Les agriculteurs se regroupent pour acheter du matériel, car l'évolution des prix fait qu'ils ne peuvent plus se payer le luxe d'acheter un tracteur pour le plaisir de s'acheter un tracteur ! Il y a dix ans, pour changer trois tracteurs sur mon exploitation, je devais payer 80 000 euros de soulte entre les anciens et les nouveaux ; aujourd'hui, c'est 240 000 euros ! Pensez-vous que les agriculteurs vont acheter des tracteurs simplement pour le plaisir de défiscaliser ? Ce temps est révolu ! Il faut arrêter de relayer ce type de message.
Au contraire, le livret Agri est une possibilité offerte aux Français de se reconnecter avec l'agriculture et de revenir à des choses que nous avons abandonnées trop vite. Nous parlons tous ce soir d'installation et de renouvellement des générations : ne faudra-t-il pas remettre en place demain des prêts bonifiés, compte tenu de l'évolution des taux d'intérêt, lesquels sont passés de 0 % voilà quelques mois à 4 % aujourd'hui, …