Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, alors que nous abordons l'article 6 de ce projet de loi de finances, permettez-moi de vous dire que 5 000 vignerons criaient leur colère et leur désespoir dans les rues de Narbonne hier.
Certains pratiquent l'agriculture conventionnelle, d'autres l'agriculture biologique, d'autres encore ont une exploitation labellisée Haute Valeur environnementale (HVE). Mais tous disent la même chose, qu'ils soient vignerons coopérateurs ou indépendants : à cause de la sécheresse de l'été dernier, les rendements seront de 40 % inférieurs à ceux de l'année dernière.
Par ailleurs, les prix sont en baisse et le volume d'importation reste élevé. En parallèle, le prix des intrants augmente, de même que celui des pièces pour entretenir le matériel, tout comme augmentent les cotisations à payer à la Mutualité sociale agricole (MSA) ou le montant des emprunts à rembourser.
Tous disent la même chose – et j'en ai rencontré beaucoup - : une fois qu'ils auront payé leurs charges fixes, il ne leur restera rien pour se verser un salaire.
Puisque je n'étais pas à leurs côtés hier à Narbonne, je veux leur dire toute ma solidarité.
Monsieur le ministre, la situation est grave dans le Midi : si la vigne est une ressource économique pour nos départements, elle joue aussi un rôle environnemental. Au moment où les incendies de forêt se développent, chacun sait que la vigne reste le meilleur coupe-feu, la meilleure garantie de la préservation de l'espace naturel.
La loi du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (Égalim) n'est pas suffisante : nous devrons un jour réussir à interdire la vente à perte. Cette pratique est déjà interdite dans tous les domaines, à l'exception de l'agriculture, alors que les paysans n'arrivent souvent pas à vendre lorsqu'ils intègrent leur salaire dans le prix de production.