Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, point de suspense inutile : le groupe RDPI votera unanimement en faveur de l’article 33 du projet de loi de finances pour 2024. Cet article est peut-être un peu méconnu de nos concitoyens, mais il est fondamental à maints égards pour notre pays et l’Union européenne.
Ce vote positif est motivé par une profonde conviction européenne et par une volonté de cohérence politique. Nous sommes viscéralement attachés à la construction européenne et nous pensons que l’avenir de notre pays est indissociable de la capacité des pays de l’Union européenne à affronter solidairement les défis économiques, sécuritaires, énergétiques et écologiques auxquels ils sont confrontés. Il ne s’agit pas d’une création ex nihilo. J’ai en tête les mots du grand penseur Denis de Rougemont : « L’Europe unie n’est pas un expédient moderne, économique ou politique, mais c’est un idéal qu’approuvent depuis mille ans tous ses meilleurs esprits, ceux qui ont vu loin. »
Sur la cohérence politique, je dirai d’abord que nous sommes encore et toujours les défenseurs de ces deux lettres, U et E, pour Union européenne, au moment où elles sont le bouc émissaire commode de certains. Nous l’avons encore vu cette semaine avec les élections aux Pays-Bas, qui ont beaucoup tourné autour du sujet migratoire. C’est le moment de dire que, justement, la révision du cadre financier pluriannuel prévoit le renforcement du budget de l’UE à hauteur de 18 milliards d’euros pour faire face aux dimensions externe et interne de ces migrations et conclure des partenariats avec des pays tiers clés. C’est bien aussi à cette échelle-là que nous aurons les moyens de traiter les racines profondes de cette question.
Cohérence politique aussi, ensuite, parce que nous avons toujours plaidé pour un changement de dimension de l’Union européenne, qui doit devenir plus stratégique, avec des moyens renforcés. Souvenons-nous de l’énergie que le Président de la République a dû déployer pour obtenir le plan de relance européen, qui acte un premier changement, avec un recours pour partie à l’emprunt. Grâce à cela, nous ne sommes plus l’Europe des naïfs. Nous avons les moyens de nous doter d’un certain nombre d’instruments pour bien figurer au premier rang de la compétition mondiale.
Certes, la France contribuera à hauteur de 21, 6 milliards d’euros en 2024, mais songez à l’effet de levier qui agira en retour sur nos politiques publiques. C’est considérable : ainsi, sur 100 milliards d’euros du plan de relance français, 40 milliards proviennent de l’UE, 30 % étant consacrés à l’action en faveur du climat. L’Europe nous entraîne ainsi dans une logique de transformation tout à fait opportune.
Enfin, s’il y a ce qui se voit, il y a aussi ce qui ne se voit pas dans le budget. Beaucoup de dépenses européennes contribuent ainsi au meilleur fonctionnement de nos territoires, de notre pays. Je pense naturellement à la PAC, mais aussi à un certain nombre de fonds de cohésion. À cet égard, nous devons faire un effort de communication pour que tout un chacun voie que l’Europe près de chez lui est une réalité tangible et accessible. Aucun canton de France n’est privé des vertus des crédits européens !
Pour conclure, je veux saluer, dans la proposition de révision du cadre financier pluriannuel, le renforcement de l’action au soutien de l’Ukraine, avec la facilité de 50 milliards d’euros, ainsi que le projet de plateforme Step, qui nous permet d’avancer dans la maîtrise de technologies critiques. Vous le voyez, l’adoption de ce budget est essentielle pour nous donner les moyens d’influer plus efficacement sur la marche du monde et pour relever tous ensemble les défis de long terme auxquels nous sommes confrontés.