Ainsi va l'État de droit !
Notre vision est simple : lutter contre le terrorisme sous le contrôle du juge. En tout état de cause, je ne vois pas en quoi ces dispositions portent atteinte à l'État de droit.
Pour ce qui est des mineurs radicalisés, lorsqu'un mineur de plus de 13 ans est mis en prison, pensez-vous vraiment que ce puisse être parce qu'il a commis un péché véniel ? J'étais voilà quelques semaines au tribunal criminel pour enfants où étaient jugés les gamins qui ont dénoncé – vendu – Samuel Paty à son assassin. À quelle peine ont-ils été condamnés ? Vingt mois de prison, dont une partie avec sursis. Quand la justice met un mineur en prison, vous pensez bien qu'elle le fait par nécessité, pour des raisons impérieuses.
J'en viens au délit de recel d'apologie du terrorisme.
Le père Hamel a été tué parce qu'en quarante-huit heures, sur WhatsApp, ses assassins se sont rencontrés. Cette boucle WhatsApp était suivie par le renseignement territorial, mais celui-ci n'a tout simplement pas eu les moyens d'arrêter les futurs meurtriers. Si les dispositions de la présente proposition de loi avaient existé, il aurait été possible d'intervenir !
Je veux bien que, dans un monde parfait, on puisse tout faire, sonder les cœurs et les reins, et se dire que l'on va sauver tout le monde. Mais l'impératif d'efficacité commande que nous nous donnions les moyens de lutter contre le terrorisme. Cette proposition de loi a peut-être l'apparence d'un paquet de mesures séparées, mais c'est bien l'expérience du terrain qui nous conduit à rassembler ces divers éléments.
Nous avons par ailleurs, avec M. le rapporteur, un point de divergence – il le sait. Il a certes accompli un très gros travail, et M. Bonnecarrère a raison de dire que l'inconduite notoire existe déjà dans le code de procédure pénale. Après qu'un avocat a contesté les dispositions afférentes et demandé à ce que le Conseil constitutionnel soit saisi parce qu'il estimait que cette notion était trop vague, la chambre criminelle – qui porte parfois bien son nom – de la Cour de cassation a statué qu'il n'y avait pas lieu de transmettre la question prioritaire de constitutionnalité. Le Conseil constitutionnel n'a donc pas eu à se prononcer, à ce jour, sur la notion d'« inconduite notoire ». Reste qu'à mon avis il est impossible de s'appuyer sur une telle notion ; et la nouvelle formulation retenue par la commission ne me satisfait pas.
Dans l'ensemble, néanmoins, mes chers collègues, le texte que nous vous demandons d'adopter est un texte efficace, utile, qui ne viole aucun principe juridique.
J'ajoute une dernière remarque.
M. le ministre de l'intérieur a dit, à juste titre, qu'il était chagriné par un aspect du texte, à savoir les aggravations de peine prévues à l'encontre des imams faisant l'apologie du terrorisme…