Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le débat sur les hydrocarbures de schiste intervient au moment même où le marché européen de l’électricité et du gaz est bouleversé par la décision allemande d’une sortie rapide du nucléaire.
Ce choix de la première puissance économique européenne va provoquer un bouleversement sur tout le vieux continent.
Tout d’abord, parce que l’Allemagne sera contrainte à court terme de recourir au charbon, sa première ressource, qui représente 45 % de sa production d’énergie. Le prix à payer – vous y avez fait allusion, madame la ministre – sera une augmentation importante des émissions de gaz à effet de serre.
Ensuite, parce que ses centrales nucléaires, qui produisent actuellement 23 % de l’électricité allemande, seront remplacées par des centrales à gaz alimentées principalement par la Russie. Cela augmentera inévitablement le prix du kilowattheure en Allemagne, et par ricochet dans le reste de l’Europe.
Le troisième pilier de la politique énergétique allemande pour compenser l’arrêt des réacteurs nucléaires repose sur les énergies renouvelables. Cependant, cela sera insuffisant à court et à moyen terme.
En attendant, que fera l’Allemagne ? Elle n’aura d’autre choix que d’importer du courant nucléaire, peut-être un peu de Tchéquie, mais essentiellement de France, notamment si elle veut éviter le risque d’un black-out tel que celui qu’elle a connu en 2006 et qui a eu des répercussions à l’autre bout de l’Europe, au Portugal et en Espagne.
Ce sera peut-être une bonne chose pour notre balance commerciale, puisque nous leur vendons déjà de l’électricité en été, mais cela posera un véritable problème pour notre approvisionnement, car chaque hiver la France doit importer son électricité.
En résumé, chacun a le droit de choisir son mix énergétique, mais il faut savoir que tout choix a des répercussions sur les autres nations européennes.