Ces réservoirs d’eau sont autant de châteaux d’eau naturels, des millions de mètres cube d’eau contenus dans les calcaires fissurés et karstiques ressurgissant dans nombre de rivières et approvisionnant, non seulement les 50 000 habitants de ce territoire, mais, bien au-delà, les plaines du littoral de la Méditerranée.
Nous avons entendu le couplet, bien connu, des modernes contre les archaïques, des défenseurs de la science contre les obscurantistes, des égoïstes et des soucieux de l’intérêt général.
Alors non, dans ce domaine, la ruralité, nos territoires n’ont aucune leçon de modernité ou de solidarité à recevoir ! Ils ont même quelques leçons à donner en termes de bon sens.
Par exemple, dans le débat sur les profondeurs d’exploration, on nous dit explorer bien au-dessous des nappes aquifères à 2 000 et 3 000 mètres et que nous n’avons rien à craindre.
Sur le site de Nant sur le Larzac, c’est totalement faux.
Deux aquifères principaux sont exploités : l’aquifère supérieur du jurassique et celui du lias inférieur. Ils ont fait l’objet de plus de 5 millions d’euros d’études pour les cartographier et les protéger. Votre ministère, madame la ministre, l’Europe et la région Midi-Pyrénées ont financé ces études. Ce travail, sur dix ans, a été gigantesque.
Il existe aussi dans le Permien, situé sous les aquifères, ces marnes noires à plus grandes profondeurs, mais elles sont aussi à faible profondeur.
Les couches géologiques ciblées pour l’extraction sont celles du lias, notamment celles du Toarcien, qui est constitué de marnes noires incluant les fameux schistes carton, qui peuvent renfermer du méthane. Ce Toarcien situé entre 600 et 800 mètres et non à 2 000 ou 3 000 mètres, comme on veut le laisser croire, est compris entre les deux aquifères, ce que l’on peut imaginer comme un danger majeur.
Il n’est pas besoin d’être expert pour comprendre qu’en relief karstique, caractérisé par de nombreuses failles et une extrême fragilité, les fracturations, les explosions, auront des conséquences gravissimes indépendamment des produits injectés.
Les métaux lourds emprisonnés dans les roches – voire des éléments radioactifs – peuvent aussi remonter à la surface sous l’effet de la pression du fluide de fracturation. Rien ne peut garantir non plus l’étanchéité de ces forages.
Je pourrais donner des dizaines d’arguments scientifiques démontrant combien ces autorisations d’exploration et d’exploitation sont inadmissibles.
Il suffit de voir ce qui s’est passé hier en Grande-Bretagne pour comprendre qu’il y a un autre danger : le danger sismique.
Madame la ministre, ne transformez pas les Causses et les Cévennes en delta du Niger ! On connaît les pratiques environnementales et sociales de ces grandes sociétés extractives.