Intervention de Gérard Le Cam

Réunion du 19 octobre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Article 32 quater

Photo de Gérard Le CamGérard Le Cam :

Alors que le débat sur le projet de loi portant réforme des retraites n’avait pas encore débuté à l’Assemblée nationale, les députés et sénateurs recevaient tous, de la part de la Fédération française des assurances, un petit livret faisant état des propositions des assureurs en matière de retraites ou plutôt, devrais-je dire, de retraites par capitalisation.

Comme vous le savez, les assureurs, qui ne proposent pas de plans d’épargne retraite collectifs, ou PERCO, mais défendent l’idée de la généralisation des mécanismes issus de la loi de 2003, lesquels reviennent à instaurer, aux côtés de notre système de retraite solidaire, des mécanismes de retraites par points, aimeraient voir leurs produits financiers bénéficier d’une meilleure publicité et de conditions de souscriptions encore plus avantageuses.

Aussi surprenant que cela soit, ils se font les principaux détracteurs des PERCO, soulignant notamment qu’en cas de difficultés financières les salariés sont les seuls à en assumer les conséquences. Et Jean-François Lequoy, président de la FFSA, de préciser : « Le PERCO, qui offre une certaine souplesse, a des avantages. Mais les montants versés sur un PERCO sont investis directement dans des OPCVM. Le salarié est alors seul porteur du risque financier, et donc exposé aux fluctuations des marchés. » On ne saurait mieux dire !

Mais alors pourquoi prendre de tels risques ? Pourquoi livrer ainsi une partie des retraites de nos concitoyens à la seule volonté des marchés et à l’incertitude ? Pourquoi prendre le risque, comme cela a déjà eu lieu dans d’autre pays, de brûler les retraites des salariés ? Encore et toujours pour satisfaire les appétits des marchés !

Les actionnaires étant devenus tellement véloces, engloutissant toutes les richesses produites par le travail, vous n’avez d’autre choix, afin de réinjecter de l’argent dans les marchés financiers, que de prendre celui des travailleurs. On assiste à un transfert de risque encore jamais vu. Les patrons, que vous présentez à loisir comme des investisseurs, n’investissent plus que dans leur propre niveau. Ils abandonnent leurs entreprises à la spéculation et limitent leurs investissements financiers en direction des outils productifs qu’au strict minimum.

Il faut alors trouver de l’argent nouveau pour faire fonctionner un système qui ne repose que sur un principe, la multiplication de l’argent qui sert à la spéculation et qui peut possiblement créer de la richesse, au risque de faire naître des bulles financières qui éclatent. Mais cette richesse est encore et toujours destinée aux plus puissants.

Voilà une raison supplémentaire pour certains de développer les PERCO, ou plutôt, devrais-je dire, voilà pour nous une raison supplémentaire de ne pas les développer et de proposer la suppression de cet article 32 quater.

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