Sans être aussi qualifié que lui, je voudrais reprendre les propos de mon collègue Denis Badré sur les questions financières, en formulant quelques réflexions de bon sens.
Monsieur le ministre, permettez-moi de vous dire que votre explication au sujet des euro-obligations nous laisse sur notre faim. Vous avez répondu à M. Badré qu’il ne fallait pas se disperser et multiplier les mesures de toutes espèces. Selon vous, l’intervention du fonds de soutien européen est très bien. Il faudrait suivre sérieusement cette voie avant d’envisager de faire davantage.
Ce n’est pas se disperser en initiatives désordonnées que de souligner la pertinence de l’idée de M. Juncker qui, entre nous soit dit, n’est pas le premier venu et dispose d’une grande expérience dans ce domaine. Néanmoins, d’après ce que j’ai lu dans le Bulletin quotidien, Mme Merkel et M. Sarkozy sont offensés de ne pas avoir été consultés au préalable.
Dieu sait que je crois beaucoup au binôme franco-allemand, mais de là à soutenir qu’il doit obligatoirement être consulté sur toute idée nouvelle serait exagéré. Il convient d’être prudent.
L’idée de M. Juncker reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs, ai-je entendu dire. Pour ma part, j’aime mieux prendre des mesures préventives contre l’incendie avant l’intervention des pompiers !
Dans le même temps, vous trouvez normal de pérenniser le fonds de soutien européen, qui, quant à lui, intervient alors que la crise est ouverte. Or l’emprunt permettrait d’éviter la survenance ou l’aggravation de la crise. C’est donc une mesure préventive et, jusqu’à nouvel ordre, mieux vaut adopter des dispositions préventives que curatives.
Je comprends l’argument récurrent invoqué par les Allemands qui consiste à regretter une attitude laxiste conduisant à aligner les bons élèves de la classe européenne sur les moins bons. Ainsi les États qui ne le méritent pas, si je puis dire, bénéficient des taux d’intérêt plus avantageux.
Ces euro-obligations doivent évidemment être assorties de conditions permettant de s’assurer que les bénéficiaires remplissent les exigences imposées de manière satisfaisante, ce qui n’est pas le cas des Irlandais ou des Grecs.
En matière de sanctions, j’ai cru remarquer que les Allemands sont beaucoup plus exigeants que les Français. Si j’ai bien compris, les premiers demandent des sanctions ou des mesures automatiques, refusées par les seconds.
Cela étant, il paraît tout à fait raisonnable de créer des obligations permettant une action préventive, au nom de l’Europe tout entière, tout en les utilisant avec soin, parcimonie, exigence et en assurant un meilleur suivi des économies des États qui voudraient en bénéficier. Je le répète, monsieur le ministre, votre réponse m’a passablement laissé sur ma faim. Il en est sans doute de même pour M. Badré, qui est encore plus affamé que moi.