Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Depuis le décès de Zakia Madi, en 1969, plus personne n’avait perdu la vie à Mayotte en marge d’une manifestation.
Hélas, hier, Ali El Anziz, jeune Mahorais de 39 ans, qui manifestait pacifiquement contre la vie chère, est brutalement décédé, après une charge des forces de l’ordre. Quelques jours auparavant, un enfant de 9 ans perdait un œil après un tir de flash-ball de la police.
J’adresse, au nom du groupe socialiste, nos condoléances les plus attristées à la famille d’Ali El Anziz et assure de notre compassion et de notre soutien les plus profonds les familles terrassées par les drames de ces derniers jours.
On le sait, Mayotte est frappée depuis plusieurs semaines par une grève générale sans précédent contre la vie chère. La colère des Mahorais est grande et la mobilisation ne faiblit pas. L’île se trouve aujourd’hui dans une situation explosive.
Ce département, que je suis fier de représenter ici, dispose pourtant d’une richesse naturelle exceptionnelle, sous-exploitée.
Un chômage de masse y sévit : si le taux officiel, déjà inquiétant, est de 17 %, le chômage touche en réalité plus d’un actif sur deux.
Alors que Mayotte possède la population la plus jeune de France, avec une moyenne d’âge de 22 ans, quel message envoie-t-on à la jeunesse ? L’indemnisation des chômeurs y est presque inexistante, les retraites sont misérables, le salaire minimum ne représente que 80 % du SMIC et ne concerne que 30 000 travailleurs sur les 200 000 habitants de l’île.
Le RSA que vous promettez à compter du 1er janvier 2012 ne représentera que 25 % du montant alloué en métropole. Les prix des produits de première nécessité s’envolent, alors que les salaires, eux, ne décollent pas. La situation à Mayotte est telle que des mesures d’urgence fortes propres à permettre le développement de l’économie doivent être adoptées immédiatement.
Un tel investissement est indispensable au moment où Mayotte prend un tournant historique. L’exaspération de la population ne doit pas être prise à la légère. Nous attendions plus que les « mesurettes » méprisantes annoncées récemment par Mme la ministre de l’outre-mer.
Il faut que la France soit au rendez-vous de l’espoir qu’elle a fait naître, et c’est bien parce que nous avons tous voté en faveur de la départementalisation que nous avons le droit d’avoir des exigences. Ce nouveau département a besoin d’un soutien sans faille de l’État, qui fait supporter chaque année au conseil général des charges indues, représentant plus de 30 millions d’euros.
Qu’attendez-vous pour considérer enfin tout notre potentiel et ouvrir un véritable dialogue avec les Mahorais sur le contrôle des prix et la relance de l’économie ?