Ce projet nous permet tout d’abord d’expérimenter un nouveau rythme scolaire. Mais nous savons aussi que le sport véhicule des valeurs comparables à celles de l’école : l’acceptation de la règle, le respect de l’autre, notamment de celui qui est chargé de faire appliquer la règle, la valorisation de l’effort, le travail en équipe. Ces valeurs, connues au sein des établissements scolaires, se retrouvent effectivement dans la pratique du sport.
Ainsi, 7 000 élèves bénéficient de cette expérimentation « cours le matin, sport l’après-midi », et je peux rassurer M. Domeizel : les crédits pédagogiques correspondants ont bien été intégrés à la ligne voulue, à hauteur de 5 000 euros par établissement.
Dans le cadre des expérimentations encourageant l’autonomie, je veux aussi évoquer nos internats d’excellence.
Ils offrent une vraie réponse à des élèves méritants, qui réussissent à l’école mais qui, s’ils restaient dans leur environnement familial, auraient peu de chances, nous le savons, d’aller au bout de leurs possibilités et risqueraient fort de quitter prématurément le système éducatif. En effet, je suis désolé de le dire, on a peu de chances de réussir scolairement et a fortiori d’être admis dans une grande école quand on partage un appartement de 40 mètres carrés avec sept autres personnes.
Les internats d’excellence consistent donc à proposer le meilleur à des élèves qui ont du talent et des qualités pour l’école. C’est l’esprit même de l’école de la République, tel que, je pense, nous l’avons toutes et tous en tête.
Enfin, en matière d’expérimentations et d’autonomie, il faut parler des établissements de réinsertion scolaire – ERS –, destinés à des élèves qui sont très perturbateurs et doivent être sortis de leur milieu éducatif habituel.
Je vais vous décevoir, madame Gonthier-Maurin, mais nous n’allons pas suspendre cette expérience. Nous pensons effectivement qu’il manquait un maillon dans la chaîne de réponses à la situation des élèves en grande difficulté, entre les classes relais et les établissements où des mineurs sont placés sur décision judiciaire.
Nous prévoyons, pour l’accueil de ces élèves très perturbateurs en ERS, un taux d’encadrement important, de l’ordre d’un encadrant pour un élève. Cela démontre que nous savons aussi mobiliser des moyens lorsque c’est nécessaire.
Nous poursuivrons donc cette expérimentation des établissements de réinsertion scolaire, chers au président Arthuis, comme il l’a montré dans son département de la Mayenne.
Le troisième axe de la stratégie que nous menons concerne la gestion de nos ressources humaines, pour laquelle nous développons une politique audacieuse et dynamique.
La plus belle ressource de l’éducation nationale, c’est sa ressource humaine : tous ces acteurs, ces passionnés qui travaillent pour elle. On ne s’improvise pas enseignant ! L’enseignement est un métier de passion : on s’y engage parce qu’on a une vocation !
Nous devons valoriser davantage cet engagement et c’est l’esprit du nouveau pacte de carrière que j’ai voulu sceller avec les enseignants.
Il consiste, tout d’abord, à mieux valoriser leur engagement sur un plan financier.
Je vous rappelle que, sur les économies réalisées grâce au non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, 178 millions d’euros sont redistribués aux enseignants. Cette année, nous avons augmenté les traitements de tous les enseignants ayant moins de sept ans d’ancienneté, soit 170 000 enseignants. Cela s’est traduit, très concrètement, par une augmentation mensuelle de 157 euros nets pour les professeurs stagiaires, mentionnés à plusieurs reprises par les orateurs, le jour de leur prise de fonctions, à savoir le 1er septembre dernier.
Quel pays fait aujourd’hui confiance à ses enseignants et reconnaît leur valeur au point de leur accorder, dans la crise que nous connaissons, une augmentation d’environ 10 % au moment de la rentrée scolaire ? Je n’en connais pas d’autres !
Toutefois, la reconnaissance de l’engagement des enseignants n’est pas uniquement financière.
Elle se manifeste aussi, par exemple, dans le droit individuel à la formation – le DIF – que nous avons instauré à la dernière rentrée scolaire. Ce DIF, qui existait ailleurs, mais n’était pas accessible aux personnels de l’éducation nationale, permet aux enseignants d’aller se former pendant les vacances scolaires, dans une limite de 20 heures par an, pour une réorientation professionnelle.
Nous travaillons également à une prise en compte renforcée du bien-être au travail, à travers l’accord que j’ai signé avec la Mutuelle générale de l’éducation nationale. Celui-ci prévoit un accompagnement médical et un bilan de santé systématique de tous les personnels.
Nous nous intéressons à l’accompagnement tout au long de la carrière, qui s’organise autour d’entretiens d’évaluation et doit permettre aux enseignants, notamment grâce à un portail de la mobilité mis à leur disposition, de pouvoir envisager des évolutions de carrière, voire d’autres perspectives, comme celle d’une deuxième carrière. Il est essentiel de mieux les accompagner dans leur parcours professionnel.
Vous avez été nombreux à évoquer la question de la réforme de la formation professionnelle des enseignants.
Effectivement, nous avons souhaité que nos enseignants soient mieux formés – au niveau master – et mieux préparés aux défis du monde d’aujourd’hui. Cette évolution se traduit par une exigence disciplinaire forte, mais aussi par une capacité d’adaptation à l’évolution des connaissances. C’est un gage d’excellence académique pour les futurs professeurs : il s’agit avant tout de recruter les meilleurs dans leur discipline. En outre, le fait d’être recruté au niveau du master permet de bénéficier d’une initiation à la recherche et, donc, d’acquérir le désir de se perfectionner tout au long de sa carrière professionnelle.
Nous avons également voulu que la formation académique initiale au niveau soit complétée par un enseignement pratique, en mettant en place un certain nombre de stages. Il s’agit là d’une formation à la réalité de la classe, d’une formation « par » la pratique professionnelle plus que d’une formation « pour » la pratique professionnelle.
À l’issue de ce processus – 108 heures de stage au cours des deux années de master –, les stagiaires doivent disposer de méthodes de travail et avoir amélioré leur pratique.