Intervention de Monique Cerisier-ben Guiga

Réunion du 14 janvier 2009 à 21h30
Situation au proche-orient — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Monique Cerisier-ben GuigaMonique Cerisier-ben Guiga :

Depuis soixante ans, crise après crise, de blocus et de bouclages qui tuent à petit feu en tirs de missiles qui tuent au hasard, d’attentats suicides en bombardements massifs, la guerre n’a jamais vraiment cessé sur le sol de la Palestine.

Je me laisserai aller quelques instants à exprimer l’émotion qui nous étreint à la vue de la destruction de toute l’infrastructure civile de Gaza et des habitations, à la vue de ces blessés qui meurent malgré les soins de médecins exténués, à la pensée de ces familles exterminées, écrasées sous les ruines de leurs maisons, à l’idée de ces êtres humains brûlés vifs, coupés en deux ou mutilés par les bombes au phosphore. C’est criminel !

Il y a six mois, j’étais à Gaza. J’ai vu alors une population déjà sous-alimentée, prisonnière, devenue totalement dépendante, ou presque, de l’aide internationale. Je me remémore ces enfants mal nourris, mal vêtus, claquemurés dans la touffeur d’un logement surpeuplé, fait de parpaings et de tôles. Où sont-ils aujourd’hui, ces enfants du camp de Chifa, et dans quel état sont-ils ?

Pourtant, depuis soixante ans, Gaza n’est pas d’abord un problème humanitaire. J’y insiste : c’est un problème politique, posé par l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens en 1947 et en 1948, chassés de leurs villes et de leurs villages, qui ont été rasés depuis lors, et pris dans la nasse de cet oasis et de ce port, autrefois si prospères.

Au-delà de cette émotion, nous devons, pour comprendre, nous replacer dans la perspective historique afin de pouvoir penser à un jour de paix,

« Un jour de palme un jour de feuillages au front

« Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront »,

comme le disait Aragon.

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