Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans le conflit israélo-palestinien, malgré toutes les initiatives, que je salue et que je soutiens, l’escalade semble inexorable, force est de le constater.
J’en veux pour preuve les propos quelque peu décousus tenus dans les deux camps, où l’on promet, d’un côté, la poursuite de l’incursion terrestre, de l’autre, la victoire prochaine des brigades Ezzedine al-Qassam.
On nous a même rapporté qu’Oussama ben Laden – il n’a, pour autant, pas été formellement identifié – était sorti de son silence pour appeler à la guerre sainte à Gaza.
Le Conseil des droits de l’homme et le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union européenne, le Quartet pour le Proche-Orient, pour ne citer qu’eux, appellent au cessez-le-feu, mais les signes d’ouverture des deux belligérants restent assujettis à tant de conditions qu’il est difficile de croire sans réserve à la bonne volonté des uns et des autres.
Même si de telles initiatives permettent aux protagonistes de se retrouver autour de la table, elles ne sont malheureusement pas relayées sur le terrain, où l’extrémisme prime sur la raison.
Tous les jours, la presse se fait l’écho de drames et de souffrances des deux côtés de la frontière.
À qui faut-il jeter la pierre ? Au Hamas, assurément, qui profite de la misère et du désarroi des populations pour verser de l’huile sur le feu ; au gouvernement palestinien, sans doute, qui, malgré ses bonnes intentions, manque dramatiquement de crédibilité ; mais également au gouvernement israélien, qui ne sait aujourd’hui malheureusement répondre à la violence que par la violence !
Les réalités politiques, les tentatives de médiation, les bonnes paroles et les « accords de paix », les gestes du gouvernement israélien, les conférences d’Annapolis, de Paris ou de tant d’autres lieux n’ont que peu d’effet sur le terrain. Nous faisons tous, hélas ! le même constat.
Il nous reste à travailler, et à travailler encore, pour prouver que « la paix est possible », comme l’a si souvent souligné le Président de la République, Nicolas Sarkozy.
Je le crois fermement, nous avons tous cet objectif au cœur, tant ce que nous voyons et ce qui nous est rapporté nous révolte.
Dans cette perspective, il nous revient de relayer les craintes de nos ressortissants vivant dans cette zone de conflits. C’est là tout l’objet de mon intervention de ce soir, en ma qualité de sénateur représentant les Français de l’étranger.
Déjà prise en étau lors du conflit israélo-libanais de 2006 et de ceux qui l’ont malheureusement précédé, la communauté française se retrouve une nouvelle fois prisonnière de douloureux événements. Je suis en relation constante avec ses représentants, c'est-à-dire les conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger et les présidents d’associations. Comme vous le savez très bien, monsieur le ministre, les informations qui nous parviennent sont préoccupantes.
Du côté israélien, nous avons évalué, en collaboration avec le consulat de France à Tel-Aviv, à environ 9 400 le nombre des Français immatriculés qui se trouvent dans les zones de tir du Hamas, sans compter quelque 3 000 à 3 500 Français non enregistrés au consulat.
Du côté des territoires palestiniens, trois Français immatriculés résident à Gaza, ainsi que vint-huit non-immatriculés, huit de nos compatriotes travaillant par ailleurs dans des associations humanitaires.
Je rappelle également que, depuis ce matin même, la situation à la frontière nord d’Israël s’aggrave, puisque trois roquettes s’y sont écrasées. Or plus de 13 000 Français vivent dans cette zone. Nous devons en être bien conscients.
À titre d’exemple concret, avec trop peu de moyens à leur disposition, si ce n’est le « système D », leur dévouement et leur formidable détermination, certains de nos élus de l’Assemblée des Français de l’étranger essayent, aux côtés des associations, d’éloigner, ne serait-ce que pour une nuit, les cent cinquante Français de Sderot directement menacés par les tirs de roquettes.
« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », écrivait Blaise Pascal. C’est un peu l’impression que j’éprouve –j’exagère à dessein, monsieur le ministre – en considérant les moyens que la France met à la disposition de nos représentations diplomatiques et consulaires pour venir, concrètement et matériellement, en aide à nos compatriotes dans la douleur et la détresse, placés au cœur d’une situation exceptionnelle qui les dépasse et qu’ils subissent.
À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Monsieur le ministre, à l’instar de ce que la France avait décidé pour la communauté française du Liban en 2006, quel dispositif envisagez-vous de mettre en place ? Quels moyens comptez-vous dégager pour aider nos compatriotes au plus près des besoins ponctuels et individuels ? Je vous remercie des précisions que vous pourrez nous apporter sur ce point.