Intervention de Jean-Pierre Sueur

Réunion du 18 novembre 2009 à 22h00
Lutte contre les violences de groupes — Article 4 bis

Photo de Jean-Pierre SueurJean-Pierre Sueur :

S’il s’agit d’une remise a posteriori à titre de preuve, ce texte est inutile, car les services de police peuvent se faire remettre de tels enregistrements sur simple réquisition. Donc, il ne peut s’agir que d’une procédure a priori.

On voit mal l’intérêt d’une telle disposition pour lutter contre la délinquance puisque, par hypothèse, au moment où les enregistrements sont remis, aucune infraction n’a été commise et aucune enquête n’est ouverte.

En réalité, ce texte s’inscrit, lui, dans une logique de suspicion et de stigmatisation. (Concrètement, les bailleurs pourront désigner ceux qui, de leur point de vue, posent problème a priori, sans autre cause : soit leur figure ne leur reviendra pas, soit, en les regardant, ils se diront que ces personnes sont « susceptibles » de commettre des actes délictueux.

C’est tout à fait inacceptable ! Si vous pensez le contraire, je suis curieux d’entendre vos arguments.

À titre tout à fait subsidiaire, j’ajoute que le texte reste muet sur le mode de transmission de ces images. Si la transmission se fait par wi-fi – n’oublions pas que la technique évolue très rapidement –, il y a un risque que les données soient captées par des tiers, ce qui peut constituer une atteinte à la vie privée.

Enfin, si un débat devait avoir lieu sur une telle disposition, il devrait s’inscrire dans le cadre de l’examen du texte « LOPPSI 2 ».

Sur le fond, cet article nous paraît extrêmement dangereux.

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