Intervention de Jean-Paul Virapoullé

Réunion du 5 décembre 2010 à 15h00
Loi de finances pour 2011 — Articles additionnels après l'article 57

Photo de Jean-Paul VirapoulléJean-Paul Virapoullé :

Je remercie M. le ministre d’avoir émis un avis défavorable sur cet amendement, et je vais expliquer pourquoi.

Personne ne peut, je pense, nous reprocher d’avoir défendu, dans cette assemblée, une position politique incohérente.

Lorsque l’on a porté le photovoltaïque et les vautours qui s’en repaissent, sur l’échafaud, j’ai été le premier à dire : exécution ! Cela a rapporté 1, 2 milliard d’euros. L’histoire retiendra que, dans la politique d’économies budgétaires qui est menée afin de donner aux finances de la France un peu d’oxygène, nous avons été les premiers à considérer que c’était nécessaire. Nous avons apporté à cette politique la plus lourde contribution par habitant.

Se pose maintenant le problème des prix et des revenus et j’affirme, en présence d’un expert – M. le ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l’État –, que nous ne souhaitons pas clore le débat.

Il faut se méfier des statistiques. Permettez-moi de citer quelques exemples. En outre-mer, le prix du ciment est le double de celui de la métropole. Le coût du fret est encore ce qu’il était du temps de la marine à voile. Le prix des médicaments est lui aussi exemplaire. J’ai essayé de le faire baisser à quelques mois des élections municipales ; mal m’en a pris puisque les laboratoires pharmaceutiques ont envoyé plus de deux cents pharmaciens protester devant la mairie, ce qui m’a coûté mon mandat. Le prix de l’air liquide équivaut à 300 % de celui pratiqué en métropole. Tout cela est dû à l’exploitation des départements d’outre-mer par les multinationales du CAC 40.

L’outre-mer envoie plus d’argent en métropole que la métropole n’en envoie en outre-mer. Je suis prêt, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, à présenter cette semaine au Parlement les chiffres en témoignant dans un rapport de quatre pages. Nous sommes une machine à transformer les sommes qui nous sont transférées.

De grâce, ne posons pas, un dimanche soir, le problème des revenus et des prix sous un angle beaucoup trop restreint pour cerner un problème de cette importance. Lorsque je voterai le budget, j’aurai conscience d’avoir, avec mes collègues de la majorité, contribué à rétablir l’équilibre budgétaire de la France, en réduisant les niches fiscales, notamment sur le photovoltaïque, à hauteur de plus de 1, 2 milliard d’euros.

Mais si nous avons fait ce sacrifice, c’est pour réorienter l’effort vers le logement, notamment le logement social et le logement intermédiaire, afin de ne pas tuer la politique de relance économique.

Si la commission des finances cherche à baisser le coût de la vie à La Réunion et dans les quatre DOM – notamment en Guadeloupe, qui a été le lieu d’une explosion sociale dont le coût économique et social est incommensurable –, je suis d’accord avec elle, mais je ne voterai pas son amendement, qui pose le problème sous un angle beaucoup trop aigu.

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