Intervention de Jacques Pelletier

Réunion du 7 décembre 2004 à 21h30
Loi de finances pour 2005 — I. - enseignement scolaire

Photo de Jacques PelletierJacques Pelletier :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, depuis toujours, nous entendons parler de réforme de l'éducation nationale, ce qui me semble tout à fait normal. Ce secteur fondamental pour l'avenir de notre pays doit être en perpétuelle mutation. La mondialisation que nous vivons au quotidien nécessite, par exemple, l'apprentissage performant des langues étrangères et une maîtrise de l'informatique.

Nous réformons l'université, le lycée, voire le collège, mais nous entendons moins parler de la réforme de l'école primaire. Et pourtant, l'école primaire est la clé de voûte de notre système éducatif. En effet, si 15 % à 20 % des enfants n'atteignent pas un bon niveau scolaire lors de l'entrée en sixième, il y a toutes les chances qu'ils sortent du système éducatif sans aucun diplôme, ce qui est un drame.

Il faut donc porter une attention toute particulière à l'enseignement dispensé lors des premières années d'école et à la façon de dispenser cet enseignement.

J'aborderai deux questions, monsieur le ministre.

Vous avez déjà répondu partiellement à la première, vous adressant à notre excellent rapporteur, Gérard Longuet.

En milieu rural, il existe encore des classes uniques, mais elles sont relativement peu nombreuses, car il est difficile d'enseigner à des enfants dont les niveaux s'étendent de la maternelle au CM2. En revanche, il existe un plus grand nombre de classes dites multigrades, à deux ou trois niveaux. Les avis sont partagés sur ces structures.

Certains estiment que les regroupements concentrés sont indispensables sur le plan pédagogique. Une école de cinq ou six classes, avec une classe par niveau, offrant la possibilité de cantine scolaire, est évidemment séduisante.

D'autres pensent en revanche que, dans ces classes multigrades, les enfants progressent légèrement mieux, car ils côtoient des élèves de niveau supérieur, qui les stimulent. D'après les statistiques, les risques de redoublement en classe de sixième pour les élèves ayant effectué une scolarité dans de telles écoles, seraient presque deux fois moins élevés que pour les élèves sortant de classes à un seul niveau.

Les communes rurales possédant encore une école à deux ou trois niveaux, avec un effectif suffisant, souhaitent bien évidemment la conserver. A cela, il faut ajouter que, si cette école, souvent en bon état, ferme ses portes, il faudra construire une nouvelle classe dans le regroupement scolaire, ce qui représente des dépenses supplémentaires importantes pour les collectivités concernées, le conseil général et l'intercommunalité. Dans mon département, 180 000 euros en moyenne sont nécessaire pour financer une classe primaire et près de 300 000 euros pour une classe maternelle.

Vous le savez, monsieur le ministre, l'école exprime et induit la vitalité de nos villages. Une école qui ferme est synonyme de « petite mort », c'est un peu de vie qui s'échappe.

Dans le projet de loi sur le développement des territoires ruraux, il avait été prévu un moment d'abaisser de 20 % le seuil d'effectifs nécessaire pour le maintien des classes d'enseignement primaire dans les zones de revitalisation rurale.

L'idée paraissait séduisante a priori, mais une démarche permettant aux autorités académiques d'apprécier avec souplesse les spécificités de chaque zone paraît préférable à la fixation d'un seuil national rigide et incontournable.

Quoi qu'il en soit, elle devra tenir compte de l'alternative que constituent les classes multigrades, aussi bien en termes pédagogiques qu'en termes sociaux. J'aimerais que vous nous donniez votre sentiment sur l'efficacité et l'avenir de ces structures.

J'en viens à ma seconde question.

J'ai toujours regretté, monsieur le ministre, que l'éducation physique soit considérée dans le primaire comme un enseignement mineur. Au collège et au lycée, l'enseignement dispensé par des maîtres spécialisés est mieux pris en compte.

Or il est souhaitable pour leur bon équilibre que les jeunes élèves - entre six et douze ans - soient bien initiés à la pratique sportive. A cet âge, on peut déjà détecter les futurs jeunes talents qui nous font tant défaut, notamment en athlétisme - sauf dans les départements des Antilles, bien évidemment. Nous sommes très en retard par rapport à de nombreux pays européens, notamment l'Allemagne et les pays scandinaves, lesquels consacrent beaucoup plus de temps à la pratique du sport scolaire.

Il faudrait, monsieur le ministre, que l'éducation physique soit reconnue comme une discipline à part entière - au même titre que les mathématiques, le français ou l'histoire - et soit sanctionnée dans tous les examens, avec un coefficient important, à condition de trouver une formule pour exempter les jeunes qui sont physiquement handicapés.

Je crois que c'est le bon moyen pour revaloriser cet enseignement et de le faire prendre en considération aussi bien par les élèves que par les enseignants et leurs parents.

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