L’examen de ces amendements relatifs à l’établissement public de Paris-Saclay est l’occasion pour moi de faire part de ma gêne, que n’a pas dissipée M. le secrétaire d'État.
En effet, je regrette que notre discussion soit découplée du choix du pôle universitaire recomposé. Par exemple, Mme Pécresse aurait pu débattre avec la commission de la culture des missions qui seront confiées au futur pôle universitaire.
Vous citez l’exemple de la Silicon Valley. Quant à moi, je me réfère souvent à un exemple qui m’a été rapporté au cours d’un déplacement consacré au numérique. Un spécialiste en sciences humaines, quand il engage une conversation à la cafétéria avec l’un de ses collègues spécialisé dans les sciences dures, peut apporter à ce dernier un éclairage essentiel sur ses travaux et, ainsi, participer à un projet de recherche qui, en apparence, ne concerne pas les disciplines dans lesquelles il évolue. Tout ostracisme est banni.
Il importe moins de permettre à deux disciplines – par exemple, les biotechnologies et les nanotechnologies – de se rencontrer que de faire preuve d’ouverture d’esprit. La recherche n’a pas plus pour vocation de répondre aux impératifs posés par Danone que de tracer elle-même des pistes permettant à l’industrie d’exercer des choix, d’innover, de créer, sans nécessairement reproduire l’existant ni s’appuyer sur des marchés déjà formés.
Si la Silicon Valley a pu se développer, c’est grâce non seulement aux moyens qu’elle a mobilisés, mais aussi à la créativité dont ont fait preuve ceux qui l’ont lancée.
Même si je m’éloigne quelque peu du débat, je veux souligner combien je regrette, comme Mme Voynet tout à l’heure, que l’on mette encore une fois la charrue avant les bœufs. Il aurait été préférable d’inverser les termes du débat, en débattant d’abord des enjeux universitaires et de recherche. La problématique liée au plateau de Saclay n’est pas mince !
La semaine dernière, j’effectuais une mission à Waterloo – au Canada, je le précise ! Cette ville a réussi, alors même que la Silicon Valley, qui apparaît désormais comme un projet d’hier, du xxe siècle, est aujourd'hui en crise. On a évoqué les années quarante : regardons non pas dans le rétroviseur, mais devant nous. Investissons dans l’économie de demain, misons sur la révolution numérique et les technologies de pointe, car c’est ce qui permettra à la France de produire autrement en promouvant le développement durable et l’écologie !
À défaut d’engager un véritable débat sur ce que doit être l’excellence française, nous risquons d’être encore à la traîne. J’espère que, tôt ou tard, nous connecterons le débat sur le Grand Paris, notamment les transports, aux choix que nous serons amenés à faire en matière de recherche universitaire et de développement économique.