Intervention de Jean Desessard

Réunion du 26 avril 2010 à 21h45
Grand paris — Vote sur l'ensemble

Photo de Jean DesessardJean Desessard :

Sur la forme, tout d’abord, si l’on ne tient pas compte de la dernière demi-heure, j’ai été plutôt satisfait de ce débat, notamment parce que M. le rapporteur a pris chaque fois le temps d’expliquer son point de vue.

Monsieur le secrétaire d’État, il est normal de parler à la représentation nationale, de lui donner des informations, de l’aider à concevoir le projet. On peut donc considérer que le débat s’est plutôt bien déroulé.

Je regrette toutefois que l’on ait intercalé la discussion du projet de loi relatif à l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée, ce qui ne nous a pas permis d’achever la discussion dans la semaine et nous a obligés à revenir aujourd’hui. Le travail aurait pu, me semble-t-il, être organisé autrement.

Sur le fond, lorsque l’on parle du Grand Paris, trois objectifs doivent rester à l’esprit.

Le premier objectif, c’est l’amélioration du réseau de transports. On sait très bien, cela a été dit sur toutes les travées, que la situation n’est plus possible, que les transports collectifs doivent être de meilleure qualité, plus nombreux et irriguer l’ensemble de l’Île-de-France. Sur ce point, il y avait une véritable analyse et ce travail était utile. Pour autant, le projet de grande boucle ne répond pas à cette préoccupation. Il fallait aider la région à concevoir un véritable plan de transports. Oui au volontarisme pour améliorer les transports en Île-de-France !

Deuxième objectif, le Grand Paris doit aller au-delà du périphérique. Paris est une ville riche. La Défense, le département des Hauts-de-Seine sont riches. Cependant, l’Île-de-France compte de nombreuses zones déshéritées, en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne, en Seine-et-Marne. Il faut homogénéiser pour résorber l’écart entre les communes riches et les communes pauvres. Il faut intégrer les quartiers déshérités. Où est ce projet aujourd’hui ? Où est, dans ce texte, la volonté de résoudre les inégalités territoriales et sociales ? Et comment la mettre en œuvre ? Il n’y a absolument rien !

Sans vouloir injurier qui que ce soit dans cette assemblée, deux conceptions s’opposent.

Il y a, d’une part, ceux qui préconisent la construction d’un grand métro, un grand serpent de terre, pour que les hommes d’affaires puissent communiquer entre eux, se déplacer, se rendre à des stages, rejoindre les aéroports, discuter dans ces cafétérias où naissent parfois des idées géniales, nous dit-on. Cette conception – peu importe sa formulation – vise à nous rendre compétitifs, à favoriser les hommes d’affaires et les décideurs économiques qui peuvent se rencontrer ; nous serons ainsi en concurrence avec Shanghai ou Londres.

Il y a, d’autre part, ceux qui demandent que l’on conçoive la ville du XXIe siècle autrement, c'est-à-dire une ville du « comment vivre bien ensemble ». Or cela n’est à aucun moment prévu dans le texte.

On ne sait pas comment les gares commerciales seront conçues. Quant aux projets des architectes, qui visaient tout de même à apporter une certaine unité territoriale, à donner une lisibilité au Grand Paris, on n’en tient pas compte.

Troisième objectif enfin, si l’on a choisi le terme de « Grand Paris », c’est bien parce que Paris signifie quelque chose partout dans le monde. Croyez-vous qu’un nouveau métro souterrain va améliorer l’image de Paris ? À quel moment valorise-t-on ici le patrimoine, l’histoire de Paris ? Quelles sont, dans ce Grand Paris, les répercussions prévues en termes de valorisation du patrimoine de l’ensemble des départements d’Île-de-France ? Ces questions ne sont absolument pas posées.

Telles sont les raisons pour lesquelles nous voterons contre ce projet.

Pour en finir sur la recherche et le développement, dans la société du XXIe siècle, tous les territoires, tous les domaines sont concernés, et pas seulement Orsay.

La vraie question est bien plutôt de savoir comment, dans Paris même, aider les étudiants, améliorer leur accès au logement, favoriser leurs études, les relations qu’ils peuvent avoir entre eux aussi bien dans les cafétérias que sur internet ou par les stages qu’ils peuvent suivre, comment faciliter leur entrée dans la vie, comment développer le statut de chercheur.

Cette question-là nous concerne tous, et nous sommes persuadés qu’il est nécessaire de développer la recherche et le développement pas seulement sur le plateau de Saclay, mais dans l’ensemble de l’Île-de-France et, au-delà, dans la France tout entière.

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