Comme je l’ai déjà dit mardi dernier à Mme Jouanno, les dispositifs fiscaux en faveur de la voiture « décarbonée » sont très utiles, si tant est qu’ils soient adaptés aux capacités de production industrielles et aux modalités de mise sur le marché.
Nous sommes nombreux, dans cette enceinte, à craindre que le syndrome des « juppettes » et des « balladurettes » ne se manifeste à nouveau et que la fin de la prime à la casse et du système de bonus-malus ne conduise à un effondrement du marché automobile.
Les aides à l’industrie automobile, via la prime à la casse et le bonus-malus, reposent notamment sur une contrepartie environnementale forte. Elles devaient, en effet, permettre à l’ensemble de la filière automobile d’effectuer une véritable mutation environnementale. Sinon, soyons-en conscients, les très importants moyens mobilisés en faveur de l’industrie automobile auront manqué une partie de leurs objectifs.
Or, aujourd’hui, je m’interroge sur l’opportunité d’anticiper le durcissement du dispositif de bonus-malus d’une année et sur les conséquences d’une telle mesure sur la structure du marché automobile.
Les deux principaux constructeurs automobiles français ont, en effet, calé un programme industriel de 2007 à 2012 pour produire des véhicules répondant à des objectifs environnementaux graduels. Par exemple, les voitures hybrides rechargeables sont attendues pour 2012, voire pour 2011 chez certains constructeurs.
Du fait de l’anticipation d’une année de l’abaissement des seuils d’émission de CO2, les constructeurs se trouveront en retard d’une année sur le nouveau calendrier industriel, qui a pourtant fait l’objet d’une concertation entre les différents acteurs.
Je me demande si vous avez bien pris en compte ce décalage, qui pourrait freiner les mutations environnementales de la filière automobile. Les économies qui seraient tirées de cette mesure d’anticipation valent-elles que l’on fragilise nos constructeurs, qui sont sur le point de sortir des voitures « décarbonées », notamment des véhicules hybrides ? Ne risque-t-on pas d’inciter à l’importation de véhicules qui répondront d’ores et déjà aux nouveaux critères ?
La question est très importante, car ce sont des bassins d’emploi entiers qui sont concernés par ces mesures. L’automobile représente environ 10 % de notre industrie. Elle est en pleine mutation, et une telle anticipation pourrait la fragiliser. Nous insistons fortement sur le fait que l’avancement du calendrier risque de mettre en difficulté nos constructeurs.