Intervention de Philippe Marini

Réunion du 7 décembre 2009 à 21h30
Loi de finances pour 2010 — Article 47, amendement 191

Photo de Philippe MariniPhilippe Marini, rapporteur général de la commission des finances :

Cet amendement vise à supprimer l’article 47, qui prévoit, je le rappelle, une accélération de la montée en puissance du malus automobile en anticipant d’un an l’abaissement de cinq grammes de CO2 par kilomètre du seuil d’application du malus.

On peut certes admettre que cette accélération soit susceptible de perturber quelque peu la planification industrielle des constructeurs, mais je crois qu’il faut replacer cette mesure dans son contexte et en relativiser l’incidence sur l’industrie automobile.

D’abord, le dispositif du bonus-malus a un effet très positif sur le plan écologique et environnemental, puisque les émissions moyennes de CO2 ont considérablement baissé depuis près de deux ans. La contrepartie de ce dispositif, c’est qu’il coûte très cher sur le plan budgétaire. Il faut en avoir conscience !

Le déficit du compte de concours financiers « Avance au fonds d’aide à l’acquisition de véhicules propres » s’est creusé : il devrait dépasser 520 millions d’euros en 2009. D’après les estimations du Gouvernement, l’anticipation d’une année de la baisse des seuils pourrait contribuer à ramener en 2011 ce déficit dans une fourchette comprise entre 17 millions et 153 millions d’euros, selon le niveau d’adaptation des constructeurs.

Ensuite, la mesure s’applique à tous les constructeurs : elle ne réduit donc pas l’éventail de choix pour les consommateurs. Je pense qu’elle pourrait même avantager quelque peu les constructeurs français, dans la mesure où les émissions moyennes des véhicules produits chez nous sont inférieures à celles des véhicules étrangers haut de gamme, qui seront davantage taxés.

Par ailleurs, pour les tranches d’émissions qui concernent davantage les modèles français, le surcoût sera de 200 ou de 550 euros. Je rappelle que ce montant est à rapporter à un coût d’achat généralement supérieur à 20 000 euros !

Enfin, les constructeurs, notamment français, ont montré en 2008 et en 2009 leur capacité à développer et à commercialiser très rapidement des modèles aux motorisations rénovées pour optimiser la consommation de carburant, réduire les émissions de CO2 et s’adapter à la demande de la clientèle.

Pour cela, les constructeurs ne doivent pas nécessairement concevoir de nouvelles motorisations, mais adapter celles qui existent en utilisant des technologies connues, ce qui ne requiert pas un délai de deux ans.

Au total, il faut soutenir le Gouvernement, qui s’est efforcé, au travers de l’article 47 du projet de loi de finances, de reprofiler de façon très modérée le dispositif du bonus-malus, dont l’efficacité, qui est prouvée, tient aussi à l’existence d’un malus : il ne saurait s’agir d’un système 100 % bonus ! Il convient que les constructeurs adaptent leur politique de motorisation. La mesure de l’article 47 est vraiment extrêmement modérée, et la commission souhaite donc vivement le retrait de l’amendement n° II-191 rectifié.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion