Intervention de Patricia Schillinger

Réunion du 12 mai 2009 à 21h30
Réforme de l'hôpital — Discussion générale

Photo de Patricia SchillingerPatricia Schillinger :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, mon intervention portera essentiellement sur le titre III du projet de loi, c’est-à-dire sur la prévention et la santé publique. Certaines avancées ont été réalisées à l’Assemblée nationale, mais nous sommes loin de la politique de prévention ambitieuse à laquelle on pouvait s’attendre pour lutter contre les problèmes de santé publique. Parent pauvre de la santé en France, la prévention, qui représente à peine 3 % des dépenses, est réduite à quelques mesures.

Le développement des politiques de prévention reste aujourd’hui très insuffisant en France. En effet, on assiste au développement de fortes inégalités territoriales, mais également sociales, pour certains soins, notamment buccodentaires, ou pour certaines catégories de populations, comme les jeunes adultes ou les personnes âgées. L’état de santé est lié aux revenus, aux modes d’alimentation et de vie, aux pratiques et à l’appartenance sociale. Les écarts se creusent parfois dès la petite enfance.

Les politiques de santé ont peu de chances d’avoir la moindre efficacité si la dimension sociale, ou bien plutôt celle des inégalités sociales, n’est pas prise en compte. Aujourd’hui, on le sait bien, la prévention et le dépistage sont beaucoup moins répandus parmi les personnes les plus pauvres.

En matière de dépistage, le texte ne comporte aucune mesure relative au dépistage précoce du cancer, des maladies mentales, des maladies génétiques et métaboliques.

Les questions de santé publique englobent de nombreux domaines comme la santé au travail, la santé environnementale ou l’éducation pour la santé. Il est important de bien cerner les principales d’entre elles pour arrêter un programme global de prévention et de lutte contre les atteintes à la santé. Or, il n’en est rien dans ce texte.

Si nous souhaitons respecter la définition de la santé retenue par l’OMS, c'est-à-dire « un état de complet bien-être physique, mental et social », qui « ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », nous devons développer une réelle promotion de la santé publique. Nous ne pouvons plus nous contenter d’un morcellement des initiatives et d’un émiettement des responsabilités, comme c’est le cas actuellement.

On peut se réjouir que le projet de loi reconnaisse l’éducation thérapeutique, mais il ne définit ni les programmes d’éducation thérapeutique ni les financements. Il conviendrait également d’intégrer cette éducation thérapeutique dans le cursus de formation des professionnels de santé.

Il est regrettable que le texte n’évoque pas les moyens qu’il faudrait consacrer à une politique de santé publique. La question de la santé à l’école et sur le lieu du travail n’y est pas évoquée, alors qu’un ouvrier a aujourd'hui sept ans d’espérance de vie de moins qu’un cadre supérieur. Une réforme du système de santé devrait avoir la volonté de mettre fin à ces inégalités, ou tout du moins de les réduire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Notre défi majeur est de réduire les inégalités de santé, ce qui passe essentiellement par le développement de la prévention, dans les lieux de vie que sont l’entreprise et l’école, et par celui de l’éducation de la santé. On parle de l’alcool en prévoyant la répression sans réelle prévention. Comme l’obésité, l’alcoolisme est évoqué sans que de réelles actions de prévention soient menées.

Dans le titre consacré à la prévention et à la santé publique, on ne parle ni de priorités de santé publique, telles que les accidents de la vie courante, les allergies, l’asthme ou les cancers, ni des douleurs, telles que le mal de dos et les céphalées.

On ne parle pas non plus des maladies professionnelles et des accidents du travail. On oublie aussi les maladies cardiovasculaires, les maladies sexuellement transmissibles, le papillomavirus, les affections liées à la périnatalité, les affections bucco-dentaires et les problèmes de santé mentale que sont la dépression, le suicide et les pathologies mentales.

Rappelons-le, la santé mentale concerne le cinquième de la population et les troubles psychiatriques constituent la première cause d’invalidité et la deuxième cause d’arrêt de travail. La santé mentale devrait donc être l’affaire de tous.

L’État, en tant que garant de la protection de la santé, doit déterminer des objectifs de santé publique. Les professionnels ont un rôle primordial en termes de prévention. Ils doivent donc recevoir une formation adaptée. Quand aura-t-elle enfin lieu ?

Il est important de cerner les principales questions de santé publique afin d’arrêter un programme global de prévention et de lutte contre les atteintes à la santé. C’est par une véritable politique de santé publique que l’on réduira les inégalités sociales et territoriales en matière de santé. Il faut une politique volontariste. Malheureusement, elle est quasiment absente dans ce texte !

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