Intervention de Françoise Férat

Réunion du 20 mai 2010 à 15h00
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Article 1er quater nouveau

Photo de Françoise FératFrançoise Férat :

Je tenais tout d’abord à remercier le président de la commission, les rapporteurs, ainsi que l’ensemble de ses membres pour l’adoption de mon amendement, pour avoir entendu mes arguments et compris l’importance de l’enseignement agricole et de ses évolutions. Je pense pourvoir affirmer que, même s’il reste encore beaucoup à faire, cet article est une avancée significative.

Notre système éducatif, nos territoires ruraux et notre agriculture ont entre leurs mains un enseignement doté d’un fort potentiel et d’une identité originale, et qui a confirmé au fil des années son succès. Il constitue, à mon sens, une richesse qu’il nous faut valoriser et préserver.

Les assises de l’enseignement agricole public ayant tracé de nouvelles perspectives, les propositions qui ont été retenues conduisent à adapter le cadre législatif aux évolutions rencontrées, sans oublier les enjeux auxquels doit faire face le système éducatif. Je souhaite les évoquer ici.

Premièrement, en ce qui concerne l’éducation au développement durable, la loi relative à la mise en œuvre du Grenelle prévoit qu’elle soit portée par les établissements scolaires, en particulier par les lycées agricoles. Leur savoir-faire, lié au vivant et aux territoires, leur permet d’être particulièrement performants en matière de développement durable.

C’est pourquoi il est proposé de l’inscrire au cœur même des objectifs de l’enseignement et de la formation professionnelle agricoles, publics et privés.

Deuxièmement, pour ce qui est de l’innovation agricole et agroalimentaire, il est proposé de moderniser l’intitulé de la mission, en tenant compte des politiques publiques contemporaines, et de confirmer son rôle dans les processus d’innovations agricoles et agroalimentaires.

Troisièmement, s’agissant des établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole, qui sont implantés sur tout le territoire, il est proposé, non de revenir sur le principe de complétude de l’offre des voies de formations prévues par la loi d’orientation de 1999, mais d’en imposer le respect au niveau pertinent qu’est l’établissement, au lieu du seul lycée.

Quatrièmement, les expérimentations pédagogiques dans le projet d’établissement n’interviendront qu’en cohérence avec les axes du schéma prévisionnel national des formations, et feront l’objet tout à la fois d’une autorisation préalable de l’autorité académique et d’une évaluation annuelle.

Cinquièmement, les réformes de la voie professionnelle et du lycée, ainsi que l’autonomie pédagogique grandissante qu’elles impliquent, nécessitent un pilotage renforcé au sein de l’établissement, condition que ne satisfont pas pleinement les dispositions existantes. Il est donc proposé de créer un conseil de l’éducation et de la formation au sein de chaque établissement public.

Sixièmement, force est de constater que l’enseignement agricole souffre aujourd’hui d’un déficit d’image. C’est pourquoi il importe, et ce point me tient particulièrement à cœur, de faire connaître par sa dénomination la diversité des métiers auquel il prépare, des métiers qui sont ancrés non plus simplement dans les réalités agricoles, mais plus largement dans les territoires et la ruralité.

Les difficultés qu’éprouvent les jeunes à s’orienter vers l’enseignement agricole tiennent à leur méconnaissance de ce système d’enseignement et de formation. Sur ce sujet, il nous faut faire preuve d’ingéniosité et d’ouverture, et mettre en place des actions de communication.

Les établissements d’enseignement agricole constituent de réels lycées des métiers. Malheureusement, ils restent mal connus de nos concitoyens et la diversité des formations et des métiers préparés est masquée par sa dénomination actuelle. Cela rend difficile la perception pour les jeunes, les familles, mais aussi les adultes qui recherchent des formations.

Au-delà de ces opérations ponctuelles, il nous fallait également envisager de changer l’appellation elle-même. Monsieur le ministre, vous m’avez confié la délicate mission de travailler sur une nouvelle dénomination et sur l’image de l’enseignement agricole dans son ensemble.

C’est un exercice enthousiasmant mais complexe, car chaque mot a son importance, et, justement, comme j’ai pu le constater, chacun voulait apporter « son mot », sa pierre à l’édifice.

Après de nombreuses auditions en présence des représentants d’enseignants, des représentants syndicaux, d’élèves, de parents d’élèves et des ministères concernés – je peux d’ailleurs vous affirmer que tous mes interlocuteurs se sont particulièrement investis – la dénomination retenue serait celle-ci : « l’enseignement et la formation professionnelle aux métiers de la nature, de l’agriculture et des territoires ».

Pour conclure, je crois nécessaire de rappeler encore et toujours quelques chiffres, car ils parlent d’eux-mêmes. Globalement, nous constatons plus de 90 % de réussite aux examens, plus de 92 % d’intégration professionnelle. Quelle autre filière peut se prévaloir de tels résultats ?

Les valeurs véhiculées par l’enseignement agricole, fort d’une pédagogie qui formera d’excellents professionnels, feront également des citoyens, des hommes et des femmes responsables et épanouis dans leur vie, sans oublier que l’ancrage territorial de ses établissements participe à l’animation et au développement de nos espaces ruraux.

Faut-il rappeler que l’enseignement agricole accompagne, depuis son origine, les mutations du monde agricole et des territoires ?

Faut-il rappeler que les établissements forment des élèves, des étudiants, des apprentis et des stagiaires de la formation continue dans des secteurs variés, non seulement l’agriculture, mais aussi l’alimentation, l’environnement, les services, le paysage, qui font tous les métiers d’aujourd’hui et, à n’en pas douter, ceux de demain ?

Je pense que l’article 1er quater contribue au bon développement de cette filière d’exception, qui prend toute sa place dans le paysage éducatif. C’est pourquoi, mes chers collègues, je compte sur vous pour le soutenir et le voter.

Je suis persuadée que l’enseignement agricole est plus que jamais une chance pour l’avenir de nos jeunes et de nos territoires.

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