Intervention de Anne-Marie Payet

Réunion du 29 avril 2008 à 10h00
Questions orales — Dispositif d'alerte au tsunami

Photo de Anne-Marie PayetAnne-Marie Payet :

Ma question porte sur la mise en place du dispositif d’alerte aux tsunamis à la Réunion.

À la suite du tsunami qui a dévasté l’océan Indien en décembre 2004, le ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie avait annoncé que la Réunion, où sont implantés des organismes de haut niveau comme Météo France, l’Institut de physique du globe de Paris ou le Bureau de recherches géologiques et minières, était susceptible d’accueillir un pôle de prévention des catastrophes naturelles à grande échelle.

Le Gouvernement français confirmait même deux mois plus tard, à l’UNESCO, que la Réunion pourrait être un élément essentiel d’un système d’alerte aux tsunamis dans l’océan Indien. Ambitieux, le projet prévoyait la création d’un centre d’alerte national de prévention multirisques – tsunami, cyclone, vague atypique – chargé de gérer les alertes aux tsunamis locaux et lointains.

Aujourd’hui, un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, l’OPECST, déplore un attentisme inacceptable de la France dans la mise en place de ces dispositifs d’alerte aux tsunamis sur les côtes françaises, que ce soit en métropole ou en outre-mer. Il souligne aussi que le dispositif final mis en place dans l’océan Indien se révèle quelque peu décevant par rapport au projet initial et que l’installation des nouveaux marégraphes a pris beaucoup de retard, dans la mesure où ils n’ont pas encore été installés à Mayotte ou à Madagascar.

Je sais, monsieur le secrétaire d’État, que l’océan Indien est considéré comme le bassin le plus sûr au regard du risque de tsunami, puisqu’il ne représente que 4 % des tsunamis survenus au XXe siècle, contre 77 % pour le Pacifique. Pourtant, le tsunami du 26 décembre 2004 a fait plus de victimes que l’ensemble des tsunamis connus depuis l’Antiquité. Il nous a aussi rappelé qu’aucune côte n’était durablement à l’abri de cet aléa, et que si la fréquence des tsunamis est faible, ces événements peuvent prendre une ampleur jamais égalée.

En septembre 2006, des spécialistes internationaux réunis à l’occasion d’un séminaire sur les risques naturels ont souligné que la Réunion n’était pas à l’abri d’un tsunami dévastateur, qui pourrait être provoqué par un important séisme ou par l’effondrement du piton de la Fournaise. Cette perspective a été évoquée par le spécialiste des volcans Karim Kelfoun. Un tel événement pourrait, selon lui, faire déferler des vagues de quarante mètres de haut sur Saint-Denis, de soixante mètres sur Saint-Benoît et Saint-Pierre, et de cent mètres sur les côtes mauriciennes.

Dans le rapport de l’OPECST figurent dix-neuf recommandations visant à insuffler un nouvel élan à la mise en œuvre de ce dispositif d’alerte et à le hisser au niveau de celui du Pacifique. Il propose notamment de confier au Commissariat à l’énergie atomique la mission de centre national d’alerte aux tsunamis pour la Méditerranée, l’Atlantique du Nord-Est, les Antilles et l’océan Indien, de créer un comité de pilotage coordonné par le secrétariat général de la mer, chargé de mettre en place un système national d’alerte aux tsunamis, et de mandater le service hydrographique et océanographique de la marine pour coordonner les activités de mesure de hauteur d’eau en France et adapter son réseau de marégraphes afin que les données soient transmises en temps réel.

Je vous serais reconnaissante, monsieur le secrétaire d’État, de me faire connaître votre position sur ce dossier.

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