Intervention de Guy Fischer

Réunion du 24 janvier 2008 à 15h00
Pouvoir d'achat — Articles additionnels avant l'article 2

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

Les économistes observent depuis plusieurs années un phénomène qui témoigne de l'appauvrissement de nos concitoyens : la jeune génération actuelle sera la première, depuis bien longtemps, à vivre plus mal que la précédente. On nous a pourtant bercés de beaux discours sur le progrès qui devait nous être profitable. Au lieu de cela, ce sont les licenciements qui se sont généralisés, la précarité qui s'est accrue et est même devenue la règle.

En 2003, votre majorité a entrepris un grand chantier de démantèlement, qui se poursuit aujourd'hui à travers votre réforme des régimes spéciaux, visant à modifier considérablement les conditions d'accès à la retraite. Vous avez allongé les durées de cotisation, modifié le calcul des annuités et, naturellement, maintenu les dispositifs de 1993, qui indexaient les retraites sur les prix hors tabac et non plus sur les salaires.

L'amendement que nous proposons vise donc à revenir sur l'indexation sur les prix et à retourner à l'indexation sur les salaires.

Cette question est d'une grande importance. En dix ans, le pouvoir d'achat des retraités a fondu. Les chiffres varient, mais on peut dire que c'est au moins entre 10 % et 15 %. Dans cette course involontaire et incontrôlable à la précarité, les retraités rejoignent les plus jeunes. Si, auparavant, ils aidaient leurs enfants et petits-enfants à s'installer, il n'est pas rare de voir aujourd'hui des retraités ayant pourtant travaillé toute leur vie demander de l'aide à leurs enfants et aux services sociaux. Les centres d'action sociale de nos communes sont de plus en plus souvent saisis de demandes d'aides, sans réellement pouvoir y apporter une réponse, et les centres Emmaüs, qui ont célébré il y a peu la date anniversaire de la mort de leur fondateur, ne désemplissent pas.

Sur cette question des retraites, il y a une profonde fracture politique entre notre groupe et ce gouvernement.

Nous considérons que le droit à la retraite à taux plein n'est que la contrepartie légitime de la participation passée du retraité au développement de son entreprise, mais aussi au développement de la France et de son économie.

Si, pour vous, les retraités représentent d'abord et avant tout un coût, lorsqu'ils ne sont pas une cible commerciale - les « séniors », comme on dit -, ils sont pour nous des salariés qui ont gagné leur droit à la retraite. C'est sans doute toute la différence !

Ayant une approche quasi commerciale, vous indexez leurs revenus sur les prix. Quant à nous, considérant qu'ils ont été, en tant que salariés, source d'enrichissement et de développement, nous voulons revenir à l'indexation de leurs pensions sur les salaires. Tel est le sens de la solidarité nationale dont nous sommes des défenseurs et dont le patronat est le fossoyeur. Souvenez-vous des déclarations de M. Denis Kessler au temps où il était encore influent au MEDEF, en tant que vice-président, annonçant que le Gouvernement était en train de détricoter tout le programme national de la résistance. Au moins, c'est dit !

En refusant d'indexer les retraites sur les salaires, vous empêchez surtout l'émergence d'un réel débat sur le financement des retraites. Vous pouvez ainsi continuer à dire qu'il n'y a pas d'argent et à expliquer que les retraités, comme tout le monde d'ailleurs, doivent se serrer la ceinture. Cela vous permet également - sournoisement - de faire l'amalgame entre retraites par répartition et faibles revenus, ce qui vous ouvre un boulevard pour vendre votre réforme, le passage aux retraites par capitalisation et le recours aux sociétés d'assurance privées. Tel était d'ailleurs le sens de la déclaration de Nicolas Sarkozy concernant la dépendance. La boucle est bouclée !

La conséquence de votre indexation sur les prix, les retraités la connaissent et la connaîtront de plus en plus : 1, 1 % d'augmentation des retraites pour une inflation de 2, 6 % ! Autant dire que, demain encore, les retraités devront pratiquer de lourds arbitrages dans leur vie quotidienne, et ce n'est pas l'instauration des franchises médicales qui les y aidera ! Elle aggravera même leur situation et leur mécontentement.

Ce taux de 1, 1 % d'augmentation, vous le justifiez par un trop-perçu de l'année précédente. Autant vous dire que, dans ma ville, ce discours passe mal ! Je pense d'ailleurs qu'il passe de plus en plus mal dans toutes les villes. L'indexation sur les salaires devient donc urgente.

Je sais quel sort sera réservé à notre amendement, car nous avons déjà largement parlé du problème des retraites. Il n'empêche, monsieur le ministre, que vous aviez annoncé que le Gouvernement souhaitait faire progresser de 25 % sur cinq ans les très petites retraites et les pensions de réversion.

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