Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la place de la défense dans l’État et dans le budget de celui-ci est à la hauteur de la place éminente qu’occupe la France dans la communauté internationale.
Ce statut particulier et privilégié nous confère des droits mais aussi des devoirs, tout spécialement au sein des Nations unies. C’est bien dans ce sens qu’il faut comprendre l’engagement français, en Afghanistan bien sûr, mais également ailleurs dans le monde.
Lors du débat sur l’Afghanistan au Sénat, le 16 novembre dernier, nous avons constaté que la France était embarquée dans une opération longue, coûteuse et très complexe.
Acceptons le fait que notre intervention aux côtés de la coalition prendra du temps avant de porter tous ses fruits.
Acceptons également que l’on ne parviendra à rien tant que les choses ne seront pas mieux tenues au Pakistan, ce pays, fragile face au développement de l’islam extrême, qui dispose de l’arme nucléaire.
Acceptons enfin que la solution dans la région sera politique ou ne sera pas, et que nos efforts militaires doivent aller de pair avec la mise en place des conditions d’une vie stable pour les Afghans, si cela est possible.
Cette place prépondérante dans le concert des nations, la France la doit aussi à ses départements et territoires d’outre-mer et à sa présence militaire dans le monde. Cela exige que nous assurions le maintien de notre présence et de notre souveraineté sur tout notre territoire.
Monsieur le ministre, pour cette raison précise, vous avez pris la décision de maintenir notre présence dans les Iles Éparses. Je salue ce choix, dans lequel j’espère que tous verront un signal quant à l’attachement de la France au respect de sa souveraineté sur son territoire national, y compris dans les pans les plus éloignés de l’hexagone.
Par ailleurs, la base militaire permanente française créée à Abu Dhabi et inaugurée par le Président de la République le 26 mai dernier renforce notre présence dans la zone stratégique du golfe Persique.
Dans un monde multipolaire, notre présence sur tous les continents et sur tous les océans est un atout qu’il faut absolument préserver. Je dis bien « multipolaire », car, nous le savons, la puissance militaire chinoise augmente à un rythme et dans des proportions qui donnent le tournis.
Cette évolution majeure bouscule les relations internationales telles que nous les avons connues depuis un demi-siècle. Elle doit faire l’objet d’une vraie prise de conscience dans le cadre atlantique et dans le cadre européen.
Dans le cadre européen, évidemment, parce que la place de la France ne pourra être préservée et consolidée qu’au sein d’une véritable Europe de la défense : vous le savez, monsieur le ministre, les centristes en sont convaincus depuis de nombreuses années, la construction d’une vraie défense européenne est le corollaire indispensable de l’Alliance atlantique.
Je profite donc de cette occasion pour saluer à nouveau les avancées concrètes qu’ont permis d’enregistrer la présidence française de l’Union européenne et votre contribution personnelle à ces avancées.