Intervention de Jacques Gautier

Réunion du 30 novembre 2009 à 21h45
Loi de finances pour 2010 — Défense

Photo de Jacques GautierJacques Gautier :

Ce budget confirme toutefois, à mes yeux, une faiblesse, évoquée tout à l’heure par Xavier Pintat : au moment où les drones, qu’ils soient MALE – moyenne altitude longue endurance – tactiques ou de terrain, s’imposent partout en Irak et en Afghanistan, comme les yeux, et désormais comme le bras armé des troupes engagées au sol, la loi de programmation militaire n’a prévu d’y consacrer que 285 millions d’euros. Ces crédits sont très largement insuffisants pour concevoir, développer et produire un drone MALE, destiné à succéder à nos 3 Harfang.

Cette faiblesse financière est aggravée par un manque de coopération de nos industriels, qui semblent incapables d’additionner leurs compétences pour permettre à notre pays, peut-être en association avec le Royaume-Uni ou d’autres nations européennes – je parle ici de la politique européenne de sécurité et de défense, la PESD –, de produire dans des délais raisonnables le vecteur moyenne altitude longue endurance dont nous avons un urgent besoin.

Avec Daniel Reiner, rapporteur du programme 146, nous avions déjà signalé ce problème lors de la discussion de la loi de programmation militaire. Le rapport sur les drones de nos collègues députés, qui devrait être rendu public dans quelques jours, conforte d’ailleurs cette analyse.

Au vu des faibles moyens affectés, il faut certainement se doter d’un quatrième vecteur Harfang, et peut-être acquérir sur étagère des Predator, déjà largement déployés en Afghanistan par les Américains et les alliés. Cela facilitera, en outre, l’entretien courant sur place : il est plus facile de les traiter à Bagram que de les renvoyer en Israël.

Je ne reparlerai pas des systèmes de drone tactique intérimaire, les SDTI, puisque la DGA a passé deux petites commandes, l’été dernier, pour des Sperwer améliorés d’occasion et quelques autres de nouvelle génération.

En revanche, monsieur le ministre, il faut qu’EADS et la DGA confirment, une fois pour toutes, les modifications demandées sur les systèmes de drones de reconnaissance au contact, les DRAC, déjà livrés, afin que ces mini-drones de terrain puissent être déployés, avant l’été, dans nos FOB, c’est-à-dire nos bases d’opérations avancées, de Kapisa et de Surobi, pour apporter une reconnaissance visuelle et infrarouge à nos troupes opérant dans les vallées de ces provinces.

À défaut, si le résultat n’était pas à la hauteur des besoins, il conviendrait d’acheter en urgence les mini-drones disponibles sur le marché, comme l’a déjà fait le commandement des opérations spéciales, le COS.

Je sais, monsieur le ministre, que vous êtes conscient de ce problème et j’espère que vous prendrez des mesures, au début de l’année 2010, lors d’un prochain comité ministériel d’investissement.

Je souhaite rendre un hommage solennel à nos soldats, qu’ils se trouvent sur le territoire national ou en OPEX, et à leurs familles. Tous méritent d’être soutenus par les représentants de la nation et par leurs concitoyens.

Dans ces temps difficiles de crise, où les valeurs républicaines sont encore plus chahutées et ne trouvent plus de représentations concrètes dans l’esprit de nos concitoyens, je veux rappeler que nos soldats, par leur engagement pour leur pays, en sont l’expression la plus absolue.

Le groupe UMP du Sénat votera et soutiendra avec force les crédits de la mission « Défense » pour l’année 2010, mais il est aussi de notre devoir de valoriser l’engagement de nos soldats, et cela auprès de la société civile, qui, depuis la fin de la guerre froide, témoigne une certaine incompréhension face aux interventions menées à des milliers de kilomètres et à leurs exigences. C’est cet effort de pédagogie qui participera au renforcement nécessaire du lien entre la nation et son armée.

Enfin, permettez-moi de me tourner vers mes collègues de la gauche.

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