« Rigoureusement conforme à la loi de programmation militaire 2009-2014 », comme vous l’avez annoncé, monsieur le ministre, ce budget de la mission « Défense » serait donc l’expression concrète de la stratégie élaborée par la présidence de la République dans le Livre blanc sur la défense.
Concernant la restructuration en cours du ministère de la défense, je ne vois a priori rien de choquant, à l’heure où les finances de la France présentent un déficit abyssal, à ce que l’on cherche à mutualiser les moyens, à ce que l’on réexamine l’organisation territoriale et fonctionnelle des armées, à condition, bien sûr, que cela réponde à une stratégie claire et cohérente.
Laissons de côté les doutes que l’on peut avoir sur la sincérité de ce budget. L’expérience a montré que les prévisions de recettes exceptionnelles ne correspondent pas aux montants finalement récoltés. On sait aussi que le coût des opérations extérieures est, d’une façon chronique, sous-évalué. Enfin, nous restons dans l’expectative quant à la facture consécutive au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, dont vous avez vous-même admis ne pas savoir exactement où elle pourrait nous mener…
Venons-en plutôt à votre stratégie.
Vous avez, au cours des derniers mois, déployé des trésors d’argumentation pour essayer de nous faire croire que le retour de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN allait permettre à notre pays de gagner en influence, que ce retour pourrait paradoxalement permettre à l’Europe de la défense de se développer de façon plus sûre. Il aura suffi de quelques mois pour vérifier qu’il n’en est rien.
D’ailleurs, en relisant votre intervention à l’Assemblée nationale, monsieur le ministre, j’ai été étonné de constater que, en l’absence d’interrogations des parlementaires, vous n’aviez pas spontanément évoqué cette question.
Vous venez de reconnaître que la France s’en remettait désormais entièrement à l’OTAN et aux États-Unis pour décider de la teneur des opérations militaires en Afghanistan, et, après nous avoir expliqué que l’effort ne serait pas augmenté en Afghanistan, vous opérez une sorte de retournement sur l’aile en disant qu’il pourrait finalement en aller autrement.
Vous nous dites également que c’est par le biais de l’Agence européenne de défense, en réalité dépourvue de moyens et d’objectifs, que nous pourrons contribuer à la construction de l’Europe de la défense.
Vous semblez gêné pour ce qui concerne la dissuasion nucléaire, en nous disant que la France a fait l’essentiel et qu’elle est un moteur et un modèle pour ses partenaires.