Monsieur le ministre, le document intitulé Modernisation de la défense : le nouveau dispositif territorial prévoyait initialement la création de quatre-vingt-quinze bases de défense. Au 1er janvier de cette année, onze bases expérimentales ont été créées. Vous aviez annoncé pour l’été un premier retour d’expérience qui devait permettre d’identifier les ajustements nécessaires du plan initial en matière d’organisation et de fonctionnement.
Or vous envisagez de retenir sept nouvelles bases de défense qui, avec les onze bases expérimentales, formeront dix-huit bases de défense pilotes et donc, on peut l’imaginer, préfiguratrices. Avant même que nous n’ayons connaissance du retour d’expérience, vous annoncez que vous renoncez à trente projets de base de défense !
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire quelles raisons vous amènent à diminuer de 30 % le nombre des bases de défense alors qu’elles sont aussi censées suppléer la suppression d’implantations militaires, qui, elles, ne sont pas revues à la baisse ? Êtes-vous en mesure de nous fournir un premier bilan financier ? Quels sont les critères qui président à votre décision de revoir ainsi vos projets à la baisse, de retenir telle implantation plutôt que telle autre pour accueillir une base de défense ?
Pour illustrer mes propos, permettez-moi de citer le transfert annoncé dans la presse locale dès le 11 avril 2009, soit avant même l’évaluation intermédiaire, du siège de la base de défense prévue à la base aérienne 709 de Cognac à la base aérienne 721 de Rochefort, quand la base aérienne de Cognac est la seule plate-forme militaire de la région supportant plus de 60 000 mouvements par an, disposant d’une piste homologuée OTAN et capable d’accueillir tous types d’avions de combat, qu’elle est à même de servir de support et d’apporter tout le soutien nécessaire à des unités de passage, ce qui l’amène, entre autres, à recevoir régulièrement nos forces spéciales, qui y trouvent des conditions optimales pour leur préparation.
C’est aussi une base qui s’est résolument placée sur la voie de l’innovation, avec l’externalisation réussie – cela vient d’être souligné par le chef d’état-major de l’armée de l’air à l’occasion du salon du Bourget – de la maintenance de la flotte des avions-écoles TB-30 Epsilon et de la mise à disposition par l’industriel de nouveaux appareils Grob 120A ainsi que d’entraîneurs FNPT2.
Enfin, cette base est déjà le pôle de mutualisation des soutiens aux autres bases du Poitou-Charentes, dans la mesure où elle est le siège du service spécialisé des bases aériennes de l’équipement, qu’elle assure le service aérodrome des aéroports de Saintes et Rochefort ainsi que le support technique de l’École d’enseignement technique de Saintes.
Alors, monsieur le ministre, l’expérience accumulée et les éléments rationnels ont-ils leur place dans vos critères de sélection ?