Intervention de Esther Benbassa

Réunion du 2 décembre 2011 à 10h00
Loi de finances pour 2012 — Immigration asile et intégration

Photo de Esther BenbassaEsther Benbassa :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, la mission « Immigration, asile et intégration » du projet de loi de finances pour 2012 est à l'image de la politique désastreuse en la matière menée par le Gouvernement depuis des années.

Les chiffres « parlent » d'eux-mêmes : on consacre 85 millions d'euros à la lutte contre l'immigration clandestine, contre seulement 41 millions d'euros à l'intégration. Les sénatrices et sénateurs écologistes ne peuvent que dénoncer l'acharnement du Gouvernement à faire primer les expulsions, à hauteur de 32 millions d'euros, sur le vivre-ensemble, ainsi que le coût exorbitant de cette politique d'éloignement, tristement révélateur de l'attitude adoptée par la France face à ses étrangers. Je souligne, par ailleurs, comme ma collègue Corinne Bouchoux dans son rapport pour avis, à quel point il est regrettable que la politique d'accueil des étrangers elle-même soit de plus en plus financée par ceux-ci.

De surcroît, cet accueil est de qualité médiocre, à en juger par les files d'attentes interminables qui se créent devant les préfectures et sous-préfectures françaises, en particulier en Île-de-France. Comment la France, terre des Lumières, peut- elle tolérer que des personnes, parfois accompagnées d'enfants en bas âge, soient contraintes de passer la nuit dans la rue pour faire partie des quelques « privilégiés », si j'ose dire, qui, au matin, bénéficieront d'un ticket pour être reçus par un bureau des étrangers ?

Monsieur le ministre, le Gouvernement et vous-même avez tourné le dos à l'idéal de fraternité de notre République. Faute d'un projet crédible de lutte contre le chômage, les inégalités et la crise, vous avez opté pour la voie dangereuse d'une idéologie « anti-étrangers », « anti-immigrés » et antimusulmane distillée jour après jour.

Pour ma part, je ne puis me résoudre à avoir la mémoire courte. Je me rappelle les années trente. C'était aussi une époque de crise, le lendemain d'un krach dévastateur. Le bouc émissaire, alors, était le Juif. Chacun sait comment cette histoire s'est terminée.

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