Il faudrait que les autres membres de l'Union européenne jouent le jeu. Pour le blé dur de ma région, par exemple, le marché semoulier italien constituait un débouché traditionnel. Or, en novembre, l'Italie a importé quelques milliers de tonnes de blé dur de Turquie. Que devient la préférence communautaire ? Il faudrait moraliser à Bruxelles. Qu'en est-il des « primes à la vache » d'Italie et d'Espagne, par exemple ? Il y a trop de disparités entre les pays membres.
Il faut s'intéresser davantage à la petite agriculture et au petit élevage auxquels il serait bon d'appliquer la règle du carry back, laquelle permet de ne déclarer de bénéfice qu'après cinq ans d'exploitation. C'est grâce à cette règle que, dans la région de Graulhet, de Mazamet et de Castres, les entreprises textiles de la mégisserie et de la peausserie ont pu tenir.
Quelles mesures prendre pour mieux protéger nos terres agricoles, à l'exemple de l'Allemagne qui, en trois ans, a fait passer ses pertes de 85 000 à 30 000 hectares ? Rien que, dans la région de Toulouse, nous perdons 1350 hectares chaque année.
La grande distribution doit jouer le jeu : il faut absolument moraliser les conditions de paiement. Il est inadmissible qu'un litre de lait payé 17 centimes soit revendu 1,04 euro. La LME a bien supprimé les marges arrière mais, maintenant, ce sont des dons en nature qui sont exigés à toute occasion, pour l'anniversaire du supermarché par exemple... Faute d'une moralisation de ces conditions de paiement, notre industrie agro-alimentaire, qui était pionnière en Europe, est passée au deuxième rang et sera bientôt en troisième position.
Il faut encourager aussi l'innovation et, pour ce faire, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) doit reprendre des couleurs et ne pas abandonner le terrain devant l'agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA). La situation est telle que, actuellement, 80% des compléments alimentaires viennent d'Allemagne ! Or 200 PME sont actives dans ce secteur en France.
Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain : plutôt que de condamner ce projet de loi, tentons de l'améliorer par nos amendements, car nous sommes tous solidaires de nos agriculteurs en difficulté.
Il faut mettre un terme aux aides illégales que nous accordons à nos « amis » anglais, par exemple en subventionnant les moutons néo-zélandais ou australiens. Que font donc nos députés européens ? Sont-ils compétents ? Et pourquoi nos fonctionnaires de tutelle ne sont-ils pas davantage présents en commission à Bruxelles, eux qui arrivent souvent le mardi, alors que le problème a été discuté le lundi ? Soyons donc plus combatifs !